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Les plus pauvres ne trouvent pas de logement abordable

Le loyer représente la première charge du budget d’un nombre croissant de ménages. Les bas revenus ont de plus en plus de peine à trouver un logement à prix abordable. La Confédération et les cantons doivent jouer un rôle plus important en matière de logements à prix modéré, estime Caritas Suisse.
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Souvent, la pauvreté se traduit par des conditions précaires de logement. Si vous avez peu d’argent pour vivre, vous devrez probablement loger dans un appartement peu approprié, trop petit, bruyant ou mal situé. La promiscuité est une source de stress pour les personnes qui la vivent. Elle exacerbe les conflits familiaux et entrave le développement des enfants. Moisissures et mauvaise isolation menacent la santé des habitants et engendrent, elles aussi, du stress. Et si l’on trouve un logement correct, ce sera souvent à un prix trop élevé. Les personnes concernées risquent alors de s’endetter pour pouvoir payer leur loyer, ou de renoncer à des dépenses nécessaires, par exemple une visite chez le dentiste.

Depuis de nombreuses années, Caritas souligne les lacunes dans l’offre de logements abordables et de qualité pour les personnes à faibles revenus. Selon une étude réalisée par la Haute Ecole spécialisée du nord-ouest de la Suisse dans le cadre du Programme national de lutte contre la pauvreté, les coûts excessifs du logement sont la première raison pour laquelle les personnes en situation de pauvreté vivent dans des logements inadaptés. Dans un budget équilibré, le loyer ne devrait pas dépasser 30% du revenu. Mais 82% des personnes pauvres dépensent plus d’un tiers de leur revenu en loyer. Des coûts trop élevés compensés en économisant sur d’autres postes. Beaucoup par exemple renoncent aux vacances, à se nourrir sainement ou à pratiquer des activités de loisirs. Dans une situation financière déjà tendue, l’augmentation des coûts de location peut même conduire à une perte de logement parce les gens ne peuvent plus payer leur loyer.

Même si des rapports récents soulignent régulièrement que le nombre d’appartements vacants a augmenté en Suisse, cela ne s’applique pas au segment de prix le plus bas. L’offre de logements vacants est excédentaire dans le segment de prix le plus élevé. Dans son ensemble, le marché du logement ne s’est donc pas relâché. Les personnes pauvres ont donc de plus en plus de peine à trouver un logement à prix abordable. L’aide sociale joue un certain rôle dans ce processus. Si elle fixe une limite trop basse du loyer dans la commune de domicile de ses bénéficiaires, ceux-ci ne trouveront pas de logement adapté à cette limite de loyer. Et elles seront obligées de déménager dans une autre commune, voire un autre canton, pour trouver un logement à prix raisonnable. Dans les centres de consultation de Caritas, on voit souvent des personnes pauvres qui doivent déménager à cause d’un loyer trop élevé, ne serait-ce que de 50 francs. Si c’est le cas d’une famille avec enfants, cela peut avoir pour résultat d’allonger indûment le trajet scolaire des enfants, ou même les obliger à changer d’école. De plus, les personnes pauvres ne sont pas les bienvenues partout; elles sont parfois obligées de quitter leur commune à cause d’une politique active de restriction en matière de loyer modéré. Ces dernières années, il y a eu de nombreux exemples de communes qui ont demandé à des propriétaires de ne pas louer leur bien à des personnes bénéficiaires de l’aide sociale ou de démolir leur logement à loyer modéré et d’attirer des locataires à revenu élevé avec de nouveaux bâtiments.

Il faudrait faire exactement le contraire, et augmenter le nombre de logements à loyer modéré. L’initiative populaire «Davantage de logements abordables» vise à garantir qu’au moins 10% des logements nouvellement construits dans toute la Suisse soient la propriété d’institutions et organisations d’utilité publique. Ceci permettrait d’atténuer un peu le problème. Il appartient ensuite à ces institutions de veiller à ce que les personnes à faible revenu aient effectivement accès à des logements moins chers.

Notre invitée fait partie du secteur Etudes auprès de Caritas Suisse.

Opinions Agora Marianne Hochuli Votation

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