Un facteur aggravant de la pauvreté
Les files d’attente de personnes attendant à Genève la distribution de cabas de biens de première nécessité au printemps 2020 avaient marqué les esprits. Dans une des villes les plus riches au monde, un nombre important de personnes ne parviennent pas à vivre dignement.
Une étude nationale présentée hier par Caritas vient rappeler cette accablante réalité: 735 000 personnes sont touchées par la pauvreté; 600 000 flirtent avec le minimum vital. Bref: une personne sur six en Suisse vit dans la pauvreté ou est menacée d’y tomber. Des situations dramatiques qui hypothèquent le présent mais aussi le futur de ces familles. Grandir dans le besoin rend difficile des projets de formation, gages de vie meilleure.
Des inégalités qui touchent encore davantage les étranger·ères qui sont invité·es à se faire discret·es et à ne pas réclamer les aides sociales auxquelles ils et elles auraient droit. Si on veut obtenir le passeport à croix blanche ou seulement conserver son permis de travail, il convient de faire preuve de son autonomie financière. Un précariat soigneusement entretenu.
Le plus rageant étant que les causes de ce mal-vivre sont connues: logements trop chers, primes d’assurance-maladie ruineuses, salaires trop bas. On pourrait y remédier sur le plan politique. Par exemple en imposant des minima en matière de rémunération. Mais cela heurte l’idée d’un marché libre et non faussé. Et il est tellement plus simple de stigmatiser des migrant·es accusé·es de profiter du système.
La crise du Covid n’a pas créé la pauvreté. Mais elle la révèle et l’aggrave. Il n’est pas tolérable que la richesse produite en quantité plus grande chaque année profite aux plus nantis et voit des pans entiers de la population rester sur le bord de la route. A terme, ce creusement des inégalités ne peut que mener vers la rupture du contrat social. Un problème aussi vieux que la démocratie.