Édito

Mettre les SDF à l’abri du froid? Une patate chaude

Mettre les SDF à l'abri du froid? Une patate chaude
Fini les abris de la protection civile de la Ville de Genève. La municipalité a redirigé son offre vers des solutions en surface, jugées plus dignes. JPDS/ARCHIVES
Précarité

Les abris de la protection civile de la Ville de Genève n’accueilleront pas de sans-abri cet hiver. La municipalité a redirigé son offre vers des solutions en surface, jugées plus dignes. Ces portes closes ne sont pour autant pas une bonne nouvelle. Car l’offre en lits reste stable, voire diminue, tandis que les besoins ont explosé. Des dizaines, peut-être des centaines de personnes resteront à la rue.

Certes, l’objectif zéro sans-abri n’a jusque-là jamais été atteint. Ce n’est pas faute de moyens très conséquents consentis par la Ville de Genève –environ 15 millions de francs par an. Problème, elle porte quasiment seule cette mission. Tout juste les 44 autres communes ont-elles débloqué 1 petit million en 2020, puis en 2021, pour participer à l’effort.

Et le canton? Par un tour de passe-passe, il a isolé de ses coûts de santé globaux ceux concernant les sans-abri (19 millions de francs) pour mieux se débarrasser de toute tentative de le faire participer aux frais d’hébergement. La toute nouvelle loi sur les sans-abri, adoptée en septembre par le Grand Conseil, a spécifié que leur hébergement revenait aux communes. Cette législation a été accueillie comme le signe qu’enfin les autorités empoignaient ensemble la détresse des grands précaires. En réalité, à part de consacrer le désengagement du canton, le parlement n’a rien réglé du tout puisqu’il n’a pas imposé un financement solidaire de l’hébergement d’urgence entre les communes ni même fixé un quelconque mécanisme financier. Cette discussion se négociera peut-être dans le cadre du règlement d’application de la loi. Mais les communes semblent réticentes à faire davantage que pérenniser le million consenti.

A Genève, les interminables queues aux Vernets durant la pandémie n’ont pas réveillé tout le monde.

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