L’idée qu’il ne faudrait fournir un abri d’urgence aux sans domicile fixe qu’en hiver, quand les températures chutent mortellement, semble avoir enfin perdu du terrain à Genève. Des associations y ont inauguré vendredi un dispositif qui offrira 90 lits toute l’année, en plus d’une centaine de lits «quatre saisons» déjà prévus et disséminés entre l’Armée du Salut, l’abri PC de Richemont, la Coulou et la Roseraie.

L’ambition est de s’adapter aux besoins du terrain. Ainsi, il est proposé aux femmes un lieu sécurisé puisqu’il leur est réservé. A également applaudir, l’innovation consistant à équiper de lits le local d’injection de drogues Quai 9. Car la précarité de la rue pousse à la surconsommation. Le but: freiner cette spirale tout en sécurisant les prises de drogue nocturnes.

Le dispositif se veut également évolutif en déménageant les sleep-in en fonction des possibilités. Il faut saluer le travail complexe des associations face à un casse-tête logistique et administratif.

Mais les moyens, donnés par la seule Ville de Genève en plus de toutes les places qu’elle assure déjà, ne suffiront pas. Alors que le canton compte entre 400 et 1000 SDF, l’Etat et les communes doivent enfin faire leur part. Et vite. Assez de ces visions étriquées, de l’indifférence et de l’égoïsme. La précarité ne connaît pas de frontières.

En Ville, le vent a tourné. A droite, de nombreux élus ont longtemps craint de favoriser un «appel d’air» attirant Roms et sans-papiers. L’exécutif à majorité de gauche, lui, voulait éviter d’offrir aux communes un oreiller de paresse. A sa décharge, la droite a fait pression en réclamant 50 millions de francs de coupes dans le budget municipal. Mais désormais, seule l’UDC a refusé le financement des nouveaux lits proposé… par le MCG. Electoralisme ou signe d’un assagissement post-Stauffer?