Édito

Des pistes plus que des réponses

On a les urgences que l’on mérite
KEYSTONE
Asile

L’enquête indépendante confiée à l’ancien juge fédéral Niklaus Oberholzer laisse un sentiment en demi-teinte. On est certes rassuré qu’il conclut à l’absence de violences systématiques dans les centres fédéraux d’asile. Ouf! Ces lieux ne sont pas des camps où la schlague est monnaie courante. Remarquez, on s’en doutait un peu. Mais une fois cet accessit accordé, l’inquiétude demeure. Car l’enquête conclut aussi à un usage disproportionné de la contrainte dans plusieurs cas examinés. Inquiétant.

On touche là à la limite de cette instruction indépendante: celle-ci s’apparente à une enquête qualitative. N’ont été examinés que sept cas, connus des autorités et parfois dévoilés par les médias! Un monitoring systématique mettrait peut-être en évidence une violence plus systémique. Encore faudrait-il avoir le courage de se lancer dans une telle opération.

Ce qui ne signifie pas que les conclusions de ce rapport soient sans intérêt. Au contraire. Elles mettent en évidence des constantes et permettent de lutter contre les dérapages les plus évidents. Ainsi, relève le rapport Oberholzer, si la sécurité est une tâche régalienne, confiée à l’Etat, ce n’est pas par hasard. En l’occurrence, recourir à des agences privées, avec du personnel peu ou mal formé, conduit rapidement à des dérapages. De même, une clarification des règles et mesures disciplinaires permettrait d’éviter les actes contraires aux droits humains élémentaires. Et la criminalisation des réfugiés – et sur ce point, malheureusement, le rapport est plus complaisant que critique – est surtout source de problèmes et de violences, là où, au contraire, un accueil fait d’humanité et de chaleur humaine serait garant d’une intégration réussie.

Opinions Édito Philippe Bach Asile

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