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Un échec de plus?

Georges Albert explique pourquoi il défend le projet de la Cité de la musique.
Cité de la musique

Le quartier des organisations internationales se meurt. Des institutions repliées sur elles-mêmes pour des raisons de sécurité. La place des Nations, un espace ceinturé par la circulation ouvert sur les portes closes du Palais des Nations, animée par les manifestations régulières qui crient bien souvent dans le désert de l’indifférence. Place malade de son aménagement périphérique! La malédiction d’un espace ponctué d’échecs et de concours avortés: abandon du projet André Gutton en 1956, rejet en 98 par référendum du projet Fuksas de 1995, projet bloqué d’Ivan Pictet «Portail des Nations».

Alors quel avenir pour la Cité de la musique? Un échec de plus?

Selon le plan directeur de quartier du «Jardin des Nations» de 2005, la réalisation d’un bâtiment de grand gabarit est possible à l’emplacement de la villa des Feuillantines dont l’intérêt est somme toute mineur et de plus inaccessible au public. Un no man’s land. Sur la base de ce plan, des premières discussions informelles avaient été initiées entre l’ONU, propriétaire d’une partie des terrains, la Mission Suisse et l’Etat de Genève. De ces contacts il ressortait la nécessité de prévoir un programme culturel sur cet emplacement en reprenant les activités culturelles confinées dans l’enceinte de l’ONU: musée, salle de concert, bibliothèque, restaurant, cafétéria, parc, plus un ensemble de bureaux destiné à l’ONU. Il s’agissait de créer un lieu d’animation culturel largement ouvert au public, lieu de rencontre entre la Genève internationale et la population, donnant sur la Place des Nations.

Ce sont finalement ces idées qui vont germer et donner naissance au projet de Cité de la musique. Une Cité de la musique, nouveau phare culturel genevois, face au Palais des Nations pour rappeler qu’un monde sans culture ne peut être un monde en paix.

Oui à un projet de Cité de la musique, ouvert à toutes formes de musiques du monde, inclusif et non replié sur lui-même. Faire de cette Cité l’emblème d’une Genève qui fait de la musique une métaphore de la paix et de la tolérance. Allons plus loin qu’une institution genevoise, transcendons cette future Cité pour en faire, face à l’ONU, le symbole du pouvoir du langage universel de la musique, capable de dépasser les frontières et de rapprocher les gens.

Il a fallu attendre 2001 et la réalisation réussie du projet «Orsol» pour que la Place des Nations puisse sortir de son indignité et se hisser à la hauteur d’un rôle d’accueil international. Une promesse que Genève avait faite à la SDN en 1929! Faudra-t-il attendre encore près d’un siècle pour parfaire l’ouvrage en associant à cet espace une Cité de la musique?

Oui au projet de Cité de la musique, un signe architectural d’apaisement et d’espoir dans un monde inquiet, éclaté et violent. Face au Palais des Nations un «Palais» de la musique?

Georges Albert,
architecte, Genève

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