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Tic tac obsédant de l’horloge climatique

Tic tac obsédant de l’horloge climatique
KEYSTONE/IMAGE D'ILLUSTRATION
Réchauffement climatique

L’objectif est peut-être à portée, mais il s’éloigne. La Confédération a publié lundi son inventaire des émissions de gaz à effet de serre pour l’année 2019. Durant cet exercice – donc avant le confinement –, la Suisse a émis quelque 46,2 millions de tonnes d’équivalent CO2, soit un recul de 0,3 million de tonnes par rapport à l’année précédente. Ramené à 1990 – l’année de référence –, le recul est de 14%. «Selon des estimations actuelles, la Suisse manquera son objectif climatique pour 2020 de réduire de 20% les gaz à effet de serre», admet l’Office fédéral de l’environnement.

L’analyse par secteur d’émission montre une stagnation là où une baisse devrait être enregistrée. Seul domaine où des résultats encourageants sont observés: celui des gaz à effet de serre synthétiques, par exemple les fluides frigorigènes. Un domaine régit par le protocole de Montréal et où des techniques de substitution existent. En clair: où des mécanismes de marché peuvent se révéler efficients via un système de taxes. Ce qui n’est guère le cas pour le CO2.

La Grève du climat se dit «choquée» et tire la sonnette d’alarme. Selon ses calculs, la neutralité carbone ne sera atteinte que dans… cent cinquante-quatre ans. Elle demande «un changement systémique global qui place le bien-être des personnes au-dessus des intérêts lucratifs des riches». Et d’en appeler à une nouvelle grève le 21 mai, dans le cadre d’un vaste mouvement social qui est en train de se mettre en place avec les ONG et les syndicats.

On relèvera également que ces calculs doivent être lus dans une perspective mondialisée. Et là, le tableau est encore plus sombre. Le chiffre de 46,2 millions de tonnes peut être doublé si on y incorpore les émissions importées, comme le rappelle les Artisans de la transition, un prolongement de La Revue durable. Sans parler des émissions imputables à l’étranger à la place financière helvétique qui sont de vingt à vingt-cinq fois supérieures!

Bref, l’urgence climatique n’est pas qu’un slogan. Il s’agit bel et bien d’une échéance qui se rapproche. Tout retard que l’on prend dans la résolution de cette impasse se paiera cash et plus lourdement lorsque l’heure du décompte sonnera. Le combat d’arrière-garde mené par la droite économique sur la bien trop modeste loi sur le CO2 soumise en votation le 13 juin montre que l’on n’en prend pas la voie. Une grève ne sera sans doute pas suffisante pour décoller la pulpe qui encrasse le fond des crânes de ces mulets de la mondialisation marchande. Mais c’est un début.

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