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Fils de pub

KEYSTONE / IMAGE D'ILLUSTRATION
Santé

Une taxe sur le sucre sera proposée à la conseillère fédérale Elisabeth Baume-Schneider. Il s’agirait notamment de taxer les sodas et de lutter contre les ajouts de sucre dans des produits comme les céréales du petit-déjeuner. La proposition fait partie d’un corpus de mesures élaborées par une Assemblée citoyenne qui a présenté son rapport mardi.

Cette entité est un projet démocratique expérimental. Cent citoyen·nes tiré·es au sort ont planché sur la question de l’alimentation et de ses liens avec la santé. Son rapport pourra ensuite servir de base à des politiques publiques en la matière, voire permettra d’impulser des modifications législatives.

L’idée d’une taxe sur le sucre est celle qui risque le plus de polariser les débats. Pourtant, la problématique est jugée extrêmement grave, et les abus en la matière à la base de l’épidémie d’obésité qui ravage le monde. Une publication de la revue The Lancet estime que 60% des adultes et 31% des enfants seront touchés d’ici à 2050.

Aux Etats-Unis, la première dame Michelle Obama en avait fait un combat. Une des premières choses que Donald Trump avait faite en arrivant la première fois à la Maison-Blanche, en 2016, fut d’arracher le potager symbolique implanté sur la pelouse présidentielle. Et d’installer un bouton rouge pour se faire servir du Coca (certes sans sucre, mais a-t-on vérifié?) dont il raffole.

La politique sanitaire de lutte contre les abus de sucre est vilipendée au nom du refus du «wokisme» – un indice de son ancrage réactionnaire – par des lobbies puissants mais moins visibles que ceux de la pharma, de la finance ou des assurances.

En Suisse, la campagne préventive de dénigrement a déjà démarré. Pour l’instant, surtout dans la partie alémanique. Mais des affiches concoctées par des fils de pub ont commencé à fleurir en terres romandes au nom d’un énigmatique groupe répondant au patronyme de «pas un bébé». On y voit des bonshommes bien virils tétant une lolette et arpentant les trottoirs. Le tout sur un ton rigolard et prônant le libre-arbitre.

Or derrière l’appel à la liberté individuelle se nichent des faîtières patronales bien établies, comme la très udéciste Union suisse des arts et métiers, Gastrosuisse, la Swiss Retail Federation et, plus inquiétant, le Forum suisse des consommateurs!

A garder à l’esprit quand la campagne prendra de l’ampleur. Comme pour la cigarette, où des décennies de lutte ont été nécessaires pour combattre ce fléau. Tous les moyens seront bons pour conserver des prébendes. Au détriment de la santé de toutes et de tous, qui constitue un bien commun. Le lavage des cerveaux ne doit être une fatalité.