On nous écrit

«Je ne souhaite pas être éduquée»

Elizabeth Dumont réagit à l’introduction du langage épicène annoncé dans notre édition du 5 mars.
Langue française

Les mots me manquent pour vous dire à quel point l’annonce de votre nouvelle politique de langage épicène m’a consternée. En plus d’être insupportables à lire, ce langage et l’écriture inclusive qui souvent l’accompagne me heurtent à chaque fois que je le rencontre, car je les considère comme une véritable insulte faite aux femmes. Cette attention à ne surtout pas les blesser par une virgule discriminante m’irrite, je la trouve infantilisante et presque méprisante. De plus, loin d’être «inclusif», ce langage me paraît être essentiellement et presque par définition «excluant».

Vous croyez peut-être faire œuvre profitable aux femmes, et vous exprimer en leur nom à toutes. Vous ne parlez pourtant qu’au nom – et sous la pression – d’un tout petit nombre d’entre elles, celles dont on entend la voix parce qu’elles parlent plus fort et s’agitent davantage que les autres. Je me considère comme féministe depuis toujours, mais je ne me reconnais absolument pas en des groupuscules comme ce fa-meux Collectif qui a si bien œuvré à la RTS…

Vous êtes de ceux qui veulent transformer le langage pour transformer la pensée. De ceux qui veulent donc rééduquer ceux de vos lecteurs (et lectrices puisque j’en suis) qui en auraient besoin. Eh bien désolée, je ne souhaite pas être «éduquée», je pense être une adulte tout à fait en mesure de réfléchir par elle-même et je refuse de me faire dicter ainsi ce que je dois penser. Je pense en outre qu’à l’exception des éditoriaux et autres articles d’opinion, le rôle des médias est d’informer, pas de tenter de formater la pensée.

Elizabeth Dumont,
Genève

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