On nous écrit

Un genre extensif

Daniel De Poli réagit à l’introduction du langage épicène annoncée dans notre édition du 5 mars.
Langue française

Je me permets de vous écrire car j’ai été choqué par l’emploi du barbarisme «convaincu·es» (sic) dans l’article publié dans votre édition du 5 mars. En effet, ce type de barbarisme est à proscrire car cette graphie est incorrecte, en plus d’être imprononçable, et doit donc être évitée en toute circonstance. L’Académie française (y compris les femmes) et le gouvernement français ont condamné sans réserve cette forme d’écriture. Cette dernière ne sera donc jamais enseignée dans les écoles et doit être bannie de toute communication émanant d’un service public.

De plus, des aberrations telles que le point médian, l’accord de proximité ou les redondances ridicules telles que «Les Françaises et les Français» ne sont employées dans aucune langue du monde. De même, parler de «masculin» et de «féminin» est grammaticalement discutable, comme le montre l’argumentaire suivant de l’Académie française: «Il convient de rappeler qu’en français, comme dans les autres langues indo-européennes, aucun rapport d’équivalence n’existe entre le genre grammatical et le genre naturel.»

Le français connaît deux genres, traditionnellement dénommés «masculin» et «féminin». Ces vocables hérités de l’ancienne grammaire sont impropres. Le seul moyen satisfaisant de définir les genres du français, eu égard à leur fonctionnement réel, consiste à les distinguer en genres respectivement marqué et non marqué. Le genre dit couramment «masculin» est le genre non marqué, qu’on peut appeler aussi extensif en ce sens qu’il a capacité à représenter à lui seul les éléments relevant de l’un et l’autre genre. Quand on dit «cette ville compte 20 000 habitants» ou «tous les candidats ont été reçus à l’examen», etc., le genre non marqué désigne indifféremment des hommes ou des femmes. Son emploi signifie que, dans le cas considéré, l’opposition des sexes n’est pas pertinente et qu’on peut donc les confondre.

Je vous invite également à lire l’entretien de l’académicienne Dominique Bona, qui pourfend sans appel l’écriture faussement appelée inclusive. Je cite: «Nous sommes quatre académiciennes, et toutes les quatre, nous pensons que la liberté et l’égalité des femmes ne passent pas par le massacre de la langue française. Ce n’est pas en la compliquant, en la rendant pour le moins illisible, qu’on obtiendra un progrès de la condition féminine. La condition féminine n’a rien à voir avec tout ça, et je crois que c’est une mauvaise idée.»

Enfin, l’encyclopédie en ligne Wikipédia a massivement rejeté cette graphie imprononçable dans ses articles lors d’un sondage début janvier 2020.

Daniel De Poli, France

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