Contradiction évidente
La dynamique pour la transition proposée par le projet des Objectifs de développement durable (ODD) de l’ONU est la croissance économique (ODD 8.1), la productivité économique (ODD 8.2) et les partenariats multipartites (ODD 17). Ce sont des objectifs incompatibles avec le développement durable et la justice sociale. Tant que ces contradictions parmi les objectifs persistent, le projet des ODD restera «un inventaire des besoins de l’humanité».
La contradiction entre croissance économique et développement durable est évidente. La contradiction entre les partenariats multipartites et les ODD mérite quelques explications. Ces arrangements permettent aux sociétés transnationales d’influencer voire de décider des politiques publiques, que ce soit dans le domaine de la santé, de l’alimentation, de l’énergie, ou de l’éducation, ou même dans des zones de guerre. Dans ces «partenariats», il n’y a que deux partenaires décideurs, les STN (sociétés transnationales) et les gouvernements qui les soutiennent (car les STN ont une nationalité).
Le multilatéralisme intergouvernemental est en train d’être remplacé par ces «partenariats» dirigés et dominés par les STN. La dynamique pour la transition n’est autre que le capitalisme transnational, néocolonial, productiviste, destructeur, responsable des multiples crises auxquelles les peuples font face depuis des lustres.
Aucun pays n’est en voie d’atteindre les Objectifs de développement durable de l’ONU en 2030. Et ce constat précède la Covid-19 (voir le rapport sur les ODD 2020). Est-ce surprenant? Il n’y aucune possibilité que la durabilité, (ou les droits humains ou la démocratie) soient logées au cœur des concepts économiques si ODD 8 n’est pas reformulé et si ODD 17 n’est pas rejeté sans ambiguïté.
Alison Katz,
Genève