Édito

Vertu de l’obstination pro-climat

Vertu de l'obstination pro-climat
Les Aînées pour le climat vont recourir auprès de la Cour européenne des droits de l'homme. KEYSTONE ARCHIVES
Suisse

Le troisième âge, ça peut être têtu. L’association des Aînées pour le climat a symboliquement annoncé mardi le recours qu’elle dépose auprès de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) avec l’aide des juristes de Greenpeace.

L’action juridique de ces militants climatiques dure depuis quatre ans. Elle exige des autorités fédérales qu’elles se donnent les moyens de mettre en œuvre les objectifs de l’accord de Paris à l’horizon 2030. La loi sur le CO2 – attaquée par référendum, notamment par les jeunes militants du climat – se donne un objectif plus modeste et visant l’horizon 2050 seulement. Ce qui met en péril la vie de personnes âgées, plus sensibles au réchauffement climatique (la canicule de 2003 avait provoqué 70’000 morts supplémentaires en Europe).

Saisi, le Tribunal fédéral a refusé d’entrer en matière. Pour des raisons de procédure d’abord, ce qui est en soit déjà problématique car plaçant la crise climatique en dehors du périmètre du droit. Mais surtout, en adoptant un point de vue un peu spécieux, estimant que l’atteinte à la santé n’est pas d’une gravité telle que les recourants puissent invoquer une atteinte à leur droit à la vie.

Un raisonnement plus politique que scientifique, donc. Les «sages» de Mon Repos ne peuvent évidemment pas juger de l’imminence du danger. Ils se fient aux promesses des autorités fédérales. En attendant, ils jouent à la roulette russe avec les vies des personnes les plus fragiles (aînés, personnes souffrant d’affections respiratoires et enfants). Car, une fois la preuve faite de la réalité du danger, il sera trop tard. Cyniquement dit, cela équivaut à dire, circulez, il n’y a rien à voir; avant de devoir présenter, mais un peu tard, des excuses? Le principe de précaution: un angle mort du droit suisse.

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