Édito

Deux semaines: qui dit mieux?

Deux semaines: qui dit mieux?
Deux semaines de congé paternité, soumises au vote le 27 septembre, est l'aboutissement des débats parlementaires face à l’initiative populaire qui en demandait quatre. KEYSTONE
Congé paternité

L’avantage en partant de zéro, c’est que la moindre avancée devient spectaculaire. Ainsi des chétives deux semaines de congé paternité, soumises au vote le 27 septembre. Aboutissement des débats parlementaires face à l’initiative populaire qui avait l’outrecuidance d’en demander quatre! Elles seront déjà précieuses pour le bien des familles accueillant la naissance d’un enfant, mais elles ne suffiront pas à bâtir un projet de société profondément équitable.

Ces quatorze jours valident l’idée d’un père présent pour donner un coup de pouce, un père en coup de vent qui aura l’avantage de participer aux débuts de la nouvelle organisation familiale et sera sommé de reprendre le métro-boulot-dodo aussi vite que possible. Or, c’est à ce moment que les inégalités se creusent. Avec l’idée qu’une mère devra «concilier vie privée et professionnelle» selon la formule consacrée et qu’un père a pour charge d’assurer le revenu du ménage selon un schéma patriarcal bien ancré.

Chez les opposant-es, on raille déjà la générosité de «vacances» pareillement accordées. Qui pense ainsi a probablement besoin d’un stage en immersion auprès d’un nouveau-né, si possible avec des frères et des sœurs autour. Ces jours ne sont pas des fériés mais un investissement pour l’avenir, l’encouragement de toute une société pour que les pères déploient leurs compétences au sein du foyer, accueillent et accompagnent pleinement leurs enfants à charge égale avec leur compagne dans cette nouvelle vie qui commence.

L’enjeu féministe est immense: éviter le scénario où les mères deviennent l’unique référence du foyer en puériculture, en maladies infantiles ou aux yeux de la crèche. Les pères doivent être présents dès la petite enfance, plutôt que de soudainement s’investir une fois les bambins autonomes, à l’âge où il s’agit de les emmener au sport plutôt que de se demander si les couches lavables sont une option viable sans finir en burn-out parental.

Cette vision égalitaire nécessite d’exiger davantage. Le congé parental, avec un congé fixe pour chacun et un solde à partager, serait une réponse adaptée aux besoins des familles. Une période certes longue à l’écart du travail salarié… Mais pourquoi s’y fermer quand, d’autre part, la Suisse n’hésite pas à exiger pareil «sacrifice» pour le service militaire ou civil?

Les sondages se montrent optimistes pour le 27 septembre; l’avantage d’avoir vu très modeste. Un constat réjouissant, que l’on souhaite voir en tremplin pour le fameux congé parental.

Opinions Édito Laura Drompt Congé paternité

Autour de l'article

Dossier Complet

Votations fédérales du 27 septembre 2020

lundi 7 septembre 2020
Les Suisses vont s’exprimer sur l’initiative «Pour une immigration modérée», la loi sur la chasse, la déduction fiscale des frais de garde des enfants, le congé paternité et les avions de combat.

Connexion