Édito

Regrettable retirette

Regrettable retirette
L’organisation à l’origine de l’initiative et ses alliés ont annoncé mercredi la retirer, se contentant pour l’heure du contre-projet minimaliste adopté le 27 septembre par les Chambres, qui accorde deux semaines seulement aux pères à la naissance d’un enfant. KEYSTONE
Congé paternité

Le «congé paternité maintenant!» ne sera pas pour tout de suite. En tout cas pas la formule de quatre semaines réclamées par l’initiative populaire dont le comité porte ce nom, lancée en 2016 par Travail.suisse, faîtière des syndicats chrétiens. Le texte avait pourtant recueilli plus de 120 000 signatures en un temps record – six mois d’avance sur le délai – et était promis à une victoire dans les sondages en vue d’une prochaine votation. L’organisation à l’origine de l’initiative et ses alliés ont cependant annoncé mercredi la retirer, se contentant pour l’heure du contre-projet minimaliste adopté le 27 septembre par les Chambres, qui accorde deux semaines seulement aux pères à la naissance d’un enfant. Leur nouvel objectif: le lancement d’un projet plus ambitieux, celui d’un congé parental, déjà dans les tuyaux du Parti socialiste suisse.

Pères suisses mal lotis

Si cette proposition est certes plus progressiste que le congé paternité de quatre semaines, permettant de mieux répartir les charges et les responsabilités, et garantissant une meilleure égalité des chances entre femmes et hommes au niveau professionnel, on ne peut s’empêcher de regretter le renoncement à une avancée qu’on touchait du doigt. Le scrutin aurait en effet pu se tenir en février déjà. Alors qu’ils n’ont cessé de rappeler que les pères suisses sont les moins bien lotis d’Europe, les initiants semblent désormais se satisfaire d’un tout petit pas.

C’est regrettable. Car s’il faut bien sûr mener la lutte pour un congé parental généreux, un plébiscite dans les urnes des vingt jours de congé aurait marqué le début de la législature et donné une forte impulsion démocratique ainsi qu’ une importante légitimité politique au futur projet, qui prendra quoi qu’il arrive des années à se concrétiser. Là, on reste sur un goût d’inachevé, avec le sentiment que les initiants n’ont pas eu le courage d’aller jusqu’au bout de la démarche, d’avoir cédé à de petits calculs politiciens.

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