Édito

Déterminés à ne rien changer

Congé paternité

Sans surprise, le Conseil fédéral à annoncé mercredi qu’il rejetait l’initiative demandant l’instauration d’un congé paternité de quatre semaines. La raison invoquée? Le sempiternel argument du porte-monnaie. Les coûts trop élevés du congé «mettraient en péril la compétitivité de l’économie».

Pourtant, le projet est loin d’être démesuré. Il coûterait 420 millions de francs par année. Ramené à l’échelle de l’individu, cela équivaut à un taux de cotisation APG de 0,11% répartis paritairement entre employeurs et employés. Pour un salaire de 6000 francs, le montant s’élèverait à moins de 3,60 francs pour chacune des parties. Il s’agit donc bien d’une question de priorité politique. Le même jour, le gouvernement annonçait qu’il serait prêt à appuyer les Jeux olympiques de Sion 2026 à hauteur de 995 millions de francs…

En refusant également l’idée d’un contre-projet, le Conseil fédéral se rend coupable de bien plus qu’un simple manque de courage. Il fait savoir sa ferme opposition.

Qu’attendre désormais du parlement? Pas grand-chose à vrai dire. En avril 2016, il rejetait déjà l’idée d’un congé de deux semaines. Rien de surprenant lorsqu’il s’agit de parité. Plus de 20 ans d’inefficacité de la loi sur l’égalité ne lui ont pas même fait songer à prendre des mesures contraignantes.

La classe politique fédérale semble déterminée à ne rien changer, à défendre un modèle de société d’un autre temps. Car ne nous y trompons pas, derrière cet objet qui concerne la place des hommes auprès des enfants, se joue aussi celle des femmes dans le monde du travail. L’introduction d’un congé paternité impliquerait les pères dès la naissance et rendrait moins évidente, aux yeux des patrons, l’exclusivité des problèmes de conciliation de la vie professionnelle et familiale pour les femmes.

Enfin, avec sa fin de non recevoir, le Conseil fédéral fait preuve d’un aveuglement inexplicable face aux évolutions de la société. Une grande partie de l’électorat habituellement conservateur est désormais favorable au congé paternité. En 2015 déjà, un sondage Link, commandé par Tavail.Suisse, le donnait vainqueur dans les urnes à 80%. Tant mieux. Pour espérer un changement, les citoyens ne devront sans doute compter que sur eux-mêmes.

 

 

 

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