Disproportion
Le Ministère public genevois classe partiellement la procédure contre Simon Brandt pour violation du secret de fonction. Aucun indice ne confirme que ce collaborateur scientifique à la police aurait consulté le journal de bord (main courante) afin de vérifier qu’une plainte avait bien été déposée par une jeune libérale-radicale, dans une affaire de harcèlement révélée dans la presse. Simon Brandt, conseiller municipal PLR, candidat au Conseil administratif de la Ville de Genève et alors député, avait été arrêté à la mi-décembre, quand onze policiers s’étaient planqués devant son domicile, celui de sa mère et celui de son ex-amie pour cueillir au petit matin l’élu qui devait se rendre à la séance budgétaire du Grand Conseil. Mis à nu, en cellule, fouillé, interrogé, le prévenu avait été relâché près de quinze heures plus tard.
Le mandat d’amener, signé par le procureur général, Olivier Jornot, donnait même licence, si besoin, d’user de la force publique et de fouiller y compris les cavités cachées du prévenu. Le tout en considérant, paradoxalement, que le cas ne nécessitait pas la présence obligatoire d’un avocat.
On peine à comprendre de telles mesures s’agissant d’un soupçon de violation du secret de fonction. Et encore moins sachant qu’il n’a jamais tenu la route. Car, avant de lancer la cavalerie, la police et le procureur auraient dû vérifier si Simon Brandt avait les codes d’accès à la main courante. Concernant un élu et un candidat, cette lacune et toute cette façon de faire en deviennent d’autant plus choquantes.
La thèse de Simon Brandt est que la police cherchait des informations dans l’affaire Maudet. Revancharde, elle en aurait profité pour «se payer» l’ancien lieutenant du conseiller d’Etat. Crédible ou parano?
Soulignons que tout cela ne serait pas arrivé sans la plainte du Conseil administratif pour la fuite d’un rapport pointant l’incurie dans le contrôle des remboursements des frais du personnel municipal – Simon Brandt reste soupçonné par la justice d’en être l’auteur. En portant à nouveau plainte après la révélation de son préavis positif pour une exonération fiscale sur dix ans, cet exécutif se montre toujours aussi désireux d’écarter la lumière de ses pratiques les moins reluisantes.