Édito

Ne pas museler l’impôt sur les chiens

Ne pas museler l’impôt sur les chiens
Photo d'illustration. KEYSTONE
Fiscalité

Les montants sont modestes et concernent une minorité de contribuables. Mais l’enjeu est émotionnel et pose une question de principe. Les propriétaires de chiens doivent-ils continuer à contribuer aux coûts que ces animaux font peser sur la collectivité ou ceux-ci doivent-ils être totalement mutualisés via l’impôt général?

C’est à cette question que les Genevois répondront le 9 février en disant s’ils acceptent l’abolition de l’impôt cantonal et communal sur les chiens.

Soyons clairs: les collectivités se remettraient d’une petite perte de 2 millions de francs (1,2 pour le canton et 800 000 francs pour les communes). De même, les propriétaires de chiens n’économiseraient que 100 francs (pour un animal). Ce serait du beurre dans les épinards pour les plus modestes parmi eux, mais si cet impôt devait subsister, difficile de parler d’obstacle pour acquérir un toutou ou même pour le garder.

Ceux qui veulent en finir avec cet impôt le qualifient d’injuste, de discriminatoire, d’antisocial. En réalité, il est parfaitement normal que les détenteurs de chiens participent à financer les dépenses non négligeables supportées pour l’essentiel par les communes: nettoyage des trottoirs, entretien des parcs dédiés, mise à disposition de sacs pour les déjections, surveillance et sanction (médaille, crottes, laisse), prévention, suivi administratif, etc.

Les chiens créent du lien social et ont donc un rôle à jouer pour la collectivité, dans le sens qu’ils offrent du bien-être en particulier aux personnes isolées, notamment les aînés. Mais ils suscitent aussi des désagréments, des tensions: déjections laissées sur les trottoirs et dans les parcs, risques de morsure, crispations entre propriétaires ou entre ces derniers et ceux qui n’ont pas de chien.

Cet impôt permet donc d’offrir des infrastructures et un encadrement visant une bonne cohabitation. Il véhicule aussi un message: il est souhaitable que la population canine reste limitée à un nombre gérable, raison pour laquelle la facture augmente pour le deuxième puis le troisième chien – dans ce sens, on pourrait s’étonner que les chats, un prédateur qui décime les espèces, ne soient pas également soumis à un impôt.

Priver les communes de cette ressource tout en exigeant qu’elles fournissent les mêmes prestations serait injuste. Demander aux propriétaires d’assumer leur responsabilité vis-à-vis de la collectivité ne l’est pas. Et n’est en rien un message contre eux ou contre nos amis à quatre pattes.

 

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