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A l’école au Zanskar: mobilité oblige

A travers ses chroniques publiées de février à juillet 2019, Yvan Cruchaud a emmené les lecteurs/trices du Courrier dans la haute vallée indienne du Zanskar, sur les pas des écoliers de la Marpaling School de Stongday. Pour se rendre à l’école, la plupart des jeunes dépendent des bus de l’ARZ, l’ONG suisse à l’origine du projet. Soirée de soutien en octobre.
A l’école au Zanskar: mobilité oblige
Lorsque le bus est en panne, on s'entasse dans - et sur - un taxi 4x4. YCD
Evénement

Après six mois au Ladakh et à l’école au Zanskar, me voici de retour en Suisse. Chaque jour, je quitte l’appartement familial et enfourche mon vélo pour aller donner mes cours d’anglais. J’ai la chance – et un brin de fierté – d’avoir choisi la mobilité douce pour mes déplacements. Comme c’est le cas pour beaucoup de mes gestes quotidiens, il s’agit d’un luxe auquel les habitants, et surtout les élèves du Zanskar, n’ont pas accès. Bien sûr, les habitants de cette haute vallée de l’Himalaya sont en retard sur nous en matière de développement économique. En Suisse, la géographie enseignée à nos élèves désigne des nations entières comme PMA (pays moins avancés). Mais ne devrait-on pas plutôt dire PAG (pays à l’avant-garde), tant leur empreinte carbone est inférieure à la nôtre et plus proche des objectifs les plus ambitieux définis par la COP21?

Mais revenons à la mobilité au Zanskar. Ses habitants n’ont tout simplement pas le choix entre mobilité douce, transports publics et transports privés. La majorité se déplacent à pied d’un village à l’autre. Quand une piste ou une route existe, un transport en shared taxi est organisé en commun avec d’autres villageois. Aucun transport public ne dessert la vallée. Pour les enfants des villages dépourvus d’école, de très longs déplacements sont nécessaires. Le dilemme pour les parents est alors soit de renoncer à la scolarisation de leurs enfants, soit de leur trouver un logement loin de la maison familiale. Ceci est parfois possible chez des cousins ou des connaissances, mais les élèves émigrent souvent dans une localité éloignée pour toute l’année scolaire. Beaucoup vivent en foyer depuis l’âge de six ans!

J’ai séjourné à la Marpaling Lamdon Model School (MLMS). Elle a été fondée il y vingt ans par l’ONG suisse Association Rigzen Zanskar (ARZ). A la demande de la population, l’ARZ à offert la possibilité aux élèves de rentrer quotidiennement dans leur foyer. La situation centrale du village de Stongday permet à la quasi totalité des élèves d’être scolarisés tout en continuant à vivre dans leur famille. Si certains peuvent faire le chemin de l’école à pied, la majorité sont obligés de couvrir une partie de la distance en bus scolaire. Un premier bus a été acheté en 2005, et deux autres ont suivi.

On voit ainsi des School Buses jaunes sillonner la vallée, comme dans tant de contrées du monde. Ceux de la MLMS sont bien vétustes. Ils roulent encore, cahin-caha, tels de vieux chalutiers voguant sur un océan de cailloux. Pour en avoir conduit un, je peux attester que la métaphore est justifiée. Les mouvements du véhicule dans les virages sont quasi aquatiques. Le défi est de pouvoir continuer à véhiculer les jeunes passagers sans les mettre en danger. Lorsqu’un bus tombe en panne, les chauffeurs déploient des trésors d’imagination pour le rafistoler. Dernièrement, il a fallu transporter un moteur sur 450 kilomètres de routes de montagne pour le faire réparer à Leh, le chef-lieu du Ladakh. Comme la perspective de disposer de transports publics au Zanskar est extrêmement lointaine, le remplacement d’au moins un bus s’avère aujourd’hui vital. Pour une petite ONG comme l’ARZ, c’est aussi une gageure. Une journée de soutien en faveur de l’association est organisée à Lausanne en octobre prochain, ainsi qu’un appel au dons.1>La journée de soutien à l’ARZ aura lieu dimanche 27 octobre à Pôle Sud, avenue J.-J. Mercier 3, 1003 Lausanne. Plusieurs interventions sont au programme, qui présenteront divers aspects en lien avec l’ONG et son école (humanitaire, journalistique, pédagogique et environnemental). Le remplacement d’un bus coûte 30’000.- CHF. Des dons peuvent être adressés à: UBS Porrentruy, cpte n°606814.40Z-226 Rigzen Zanskar, cp 30, 2900 Porrentruy 2, IBAN CH250022622660681440Z (mention: «School Bus».

Notes[+]

Maître d’anglais en voyage au Zanskar de février à juillet 2019 en collaboration avec l’ONG ARZ www.rigzen-zanskar.org

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