Footage de gueule
Une fracassante illustration de la fragilité de l’industrie des médias. Deux affaires s’entrechoquent de manière retentissante depuis mardi: le roitelet mégalo qui cornaque le FC Sion maintient le boycott du Nouvelliste; et la rédactrice en chef limogée du journal d’Yverdon La Région sera remplacée….par le porte-parole de la police lausannoise.
Christian Constantin a le tempérament plutôt sanguin. Il a été jusqu’à savater un consultant TV qui lui tapait sur le système. Et quand les chroniques du Nouvelliste lui ont déplu, il a sévi: depuis une année, les journalistes du titre valaisan sont interdits de tribune de presse et d’accès aux joueurs. De faire correctement leur travail, pour faire court. Magnanime, l’irascible personnage était prêt à faire preuve de grandeur et à lever le ban, pour autant qu’on lui octroie une page hebdomadaire, rédigée par ses soins, dans le quotidien. Le portrait géant sculpté à même la roche à Saint-Maurice et la photo du Lider maximo dans chaque salle de classe étaient en option?
Fort heureusement, Le Nouvelliste a refusé. Et se retrouve à nouveau privé d’accès à l’équipe fanion du Valais. Mardi, une lettre commune signée par les rédacteurs en chef des médias romands – y compris Le Courrier –dénonce ce boycott et interpelle la Ligue suisse de football. Une solidarité rare dans une profession en mauvaise santé économique. D’où une certaine retenue tout de même. Car une réaction simple serait de l’ordre de la réponse du berger à la bergère en instaurant, par exemple, en retour, un boycott du FC Sion dans l’ensemble des titres romands.
Mais la vulnérabilité des médias rend délicate une politique ferme à même de faire respecter la liberté de presse et le droit élémentaire à l’information.
Et l’autorité ne donne pas toujours le bon exemple. Ainsi, la rédactrice en cheffe de La Région a été évincée de son poste au début de l’été, sur pressions de la municipalité d’Yverdon. Son journal ne lustrait pas suffisamment les brodequins du syndic qui, en rétorsion, a coupé le robinet à pub et indisposé le conseil d’administration. Elle a été remplacée – la nouvelle date également de mardi – par le porte-parole de la police lausannoise. Celui-ci saura-t-il garder le doigt sur la couture de son pantalon? Un peu regrettable que ces méthodes n’aient pas suscité une levée similaire de boucliers.