Genève

Avis de tempête féministe à Cornavin

Pour lancer la journée de la grève des femmes*, des militantes ont lancé vendredi matin un ultime appel à la mobilisation et ont distribué le programme. L’occasion d’occuper dès la matinée le terrain.
Avis de tempête féministe à Cornavin 1
L'énergie communicative de Monica et Jacqueline devant la gare Cornavin. MMK
Grève des femmes

Un regard distrait n’y verrait rien de particulier. A priori, ce vendredi matin à la gare Cornavin ne se distingue pas des autres jours. On y voit l’habituel et interminable cortège de pendulaires, plus ou moins endormis, café à la main et écouteurs vissés dans les oreilles. A y regarder de plus près pourtant, on devine une forme d’effervescence et on remarque, discrètement arborés sur les poitrines, de nombreux badges violets de la grève des femmes*. Parmi les tenues les plus marquées du sceau de la grève, on retrouve, dans le hall de la gare, Jacqueline, Sarah, Monica et Angela, quatre militantes de la première heure. Elles sont venues, dès potron-minet, lancer un ultime appel à la mobilisation, distribuer le programme et occuper le terrain.

«On ne va pas convaincre quelqu’un de faire grève aujourd’hui, mais on tient absolument à visibiliser le mouvement et à faire passer le message, aux hommes comme aux femmes, qu’aujourd’hui est une journée historique», martèle Jacqueline, le regard plus déterminé que jamais. L’énergie des quatre militantes détonne avec les mines souvent renfrognées des passants. Une énergie communicative. Des poings levés, des sourires et de marques de soutien commencent à pleuvoir.

Chassées de la gare

Leur action n’est pas cependant pas au goût de tout le monde. En premier lieu, des CFF. La police des transports leur a en effet rapidement demandé de quitter l’intérieur de la gare. Hasard ou pas, une demi-douzaine de gendarmes genevois étaient aussi présents, accompagnés d’agents de sécurité. «Les femmes font peur, qu’on se le dise!», s’exclame Jacqueline avec un sourire carnassier.

Pas les bienvenues à l’intérieur? Qu’à cela ne tienne, les quatre femmes se rabattent sur les extérieurs. Aujourd’hui, pas question de se laisser barrer la route par quelque obstacle que ce soit. Même le temps, maussade, n’entame pas la détermination de la petite équipe. Comme un clin d’œil des éléments, l’orage se met à gronder. Une annonce de tempête à venir.

La distribution des tracts se passe plutôt bien et la majorité des réactions sont positives. «On a eu qu’une ou deux personnes qui ont fait des commentaires négatifs», assurent Sarah et Angela. Trop pressés, beaucoup refusent de prendre le flyer. Parmi les réactions agacées, nous rencontrons une femme pestant contre cette «grève de gauchistes». «Moi, je suis obligée de bosser. On n’a pas tous des patrons babacools!», s’énerve-t-elle. Un ange passe.

Un peu plus loin,  Omeyma, une jeune femme au foulard violet et arborant fièrement le badge au poing levé, est elle aussi obligée de travailler. «Je bosse dans le domaine des assurances. J’ai demandé un congé depuis des semaines pour participer à cette grève. Il m’a été refusé au dernier moment, soupire-t-elle. Mais à 15h24, je quitterai le bureau et j’irai au cortège!» Rendez-vous est pris.

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