Édito

Cohérence culturelle

Cohérence culturelle
D’ici au 19 mai, les Genevois sont appelés à choisir entre une séparation stricte du «qui fait quoi» et la voie participative du «faire ensemble». IMAGE D'ILLUSTRATION/BART GRIETENS
Votations cantonales

Chacun dans son coin versus collaboration: à Genève comme dans le reste de la Suisse, on est sans cesse tiraillé entre ces deux options, celle d’une séparation stricte du «qui fait quoi» et la voie participative du «faire ensemble». Les tenants de la première aspirent à une situation propre en ordre, avec responsabilité assumée par une seule entité; les partisans de la seconde estiment au contraire qu’il est préférable de coopérer. D’ici au 19 mai, le bout du lac est appelé à choisir entre les deux modèles, en l’occurrence dans le domaine culturel.

On s’en souvient, alors que le canton s’était doté en 2013 d’une loi cantonale sur la culture, la loi sur la répartition des tâches (LRT-2) votée trois ans plus tard avait pour mot d’ordre le «désenchevêtrement». Il s’agissait, avec un volontarisme flirtant avec le pathologique, d’éliminer les doublons: le canton donne déjà à telle entité? Pas question qu’une autre collectivité subventionne elle aussi. On augmente donc la première subvention et on élimine les autres, tout sera plus simple.

Sauf que non: le principe d’exclusivité des compétences et des missions réparties entre communes et canton s’est rapidement montré problématique. Dès 2017, un climat d’incertitude s’est mis en place, par exemple du côté de certaines compagnies de théâtre, dont une partie de la subvention s’est volatilisée. Et le saucissonnage entre formation (canton), soutien à la création (communes) et aide à la diffusion (canton) tient de l’absurde, car le plus souvent, on produit dans l’optique d’une dissémination.

Grâce à l’engagement du mouvement La Culture lutte, «désenchevêtrement» est rapidement devenu un gros mot. Ainsi, après avoir abouti au printemps dernier, l’initiative populaire «Pour une politique culturelle cohérente à Genève», aujourd’hui soumise à la population, a passé la rampe du Conseil d’Etat sans contreprojet, avant d’être adoptée à une très large majorité en janvier au Grand Conseil. Une sorte de mea culpa de l’exécutif et du législatif quant à la LRT-2, votée à l’époque sans consultation des milieux concernés.

La culture à Genève s’est toujours construite par le partenariat. Les initiants veulent qu’il en soit à nouveau ainsi, avec le retour de la concertation et des cofinancements. Et un rôle de garant accordé au canton: c’est lui qui devra assurer une vision d’ensemble pour la culture genevoise, en intelligence avec les communes et en consultation avec les milieux culturels. Cohérent, non?

Opinions Régions Édito Genève Samuel Schellenberg Votations cantonales Culture

Autour de l'article

Dossier Complet

Votations cantonales genevoises du 19 mai 2019

jeudi 16 mai 2019
RFFA, CPEG, assurance-maladie, ouverture des commerces, politique culturelle.... Le menu de cette session sera particulièrement copieux.

Connexion