Édito

Savoir choyer ses déchets radioactifs

Savoir choyer ses déchets radioactifs
A Slazgitter, au nord de l'Allemagne, une mine de fer est inspectée en 2017 au cours de sa conversion en vue de stocker des déchets nucléaires. KEYSTONE
Déchets nucléaires

Des milliards de francs ont été investis dans la recherche depuis soixante ans, et toujours aucune perspective satisfaisante n’est en vue pour gérer les déchets de l’industrie nucléaire. C’est ce qui ressort d’un rapport commandé par Greenpeace France et réalisé par six spécialistes internationaux.

Aujourd’hui, 250 000 tonnes de combustibles usés hautement radioactifs sont répartis dans quatorze pays (auxquels s’ajoutent des milliards de tonnes de résidus de traitement de l’uranium). Même lointaine, la perspective d’une «solution» à ces déchets est essentielle pour justifier la survie du parc actuel des réacteurs. Or cesser d’en produire aussi tôt que possible s’avère être le seul moyen de réduire l’ampleur du problème.

Quant au stockage, les spécialistes recommandent qu’il soit prévu sur plusieurs siècles et en surface, afin d’accorder un droit de regard aux générations futures. Car toutes les solutions envisagées ces soixante dernières années qui se voulaient définitives se sont avérées catastrophiques.

Le rapport appelle à ne pas hypocritement faire «disparaître» les fûts radioactifs des mémoires en les laissant pourrir dans les sols, où les nappes phréatiques ne sont jamais loin. Mais à en prendre soin, au contraire. Et à ne pas confisquer le pouvoir décisionnel à la population sous prétexte que le sujet est scientifique et technique; ces choix sont avant tout éthiques et politiques.

France, Belgique, Japon, Royaume-Uni, Etats-Unis, Suède et Finlande: l’ensemble des propositions de ces pays ont été analysées avec, pour chacune, une longue liste de failles. Celle-ci devrait décourager toute tentation de cacher le problème sous un tapis rocheux, au risque de se retrouver «en moins d’un siècle avec une croûte terrestre parsemée de trous soigneusement rebouchés, contenant des déchets extrêmement dangereux», craint l’un des auteurs. Une phrase que l’on tiendra pour avertissement et non pour prophétie.

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