Édito

L’alarmant succès de Pro Tell

Brouillon auto 32
Le lobby suisse en faveur des armes, Pro Tell, gagne de manière inquiétante en popularité. KEYSTONE
Armes à feu

Le nombre d’adhésions à l’association Pro Tell augmente de façon inquiétante depuis plusieurs mois. Et le lobby pro-armes helvétique en redemande. Il gonfle ses rangs pour combattre une nouvelle législation en préparation au parlement. Cette révision – ultraminimale – est réclamée par l’Union européenne, qui a elle-même adopté un renforcement des contrôles après les attentats de Paris et de Bruxelles. Le texte helvétique réglementerait principalement les armes semi-automatiques, mais prévoit moult exceptions, notamment pour les membres des sociétés «sportives».

Nombre d’entre eux poussent pourtant des cris d’orfraie contre ce qu’ils considèrent comme des tracasseries administratives visant leur «passion». C’était prévisible. Mais au-delà des larmes de crocodiles des tireurs du dimanche, le succès de Pro Tell est alarmant. Car le lobby, en parallèle, se radicalise. Au point de ressembler de plus en plus à une NRA1>National Rifle Association, lobby étasunien proarmes à la sauce helvétique. Son président par intérim, le conseiller national UDC Jean-Luc Addor, avait par exemple déposé une initiative parlementaire pour permettre aux citoyens le port d’arme dans l’espace public, comme dans une partie des Etats-Unis. Cela au nom du «droit» à assurer soi-même sa sécurité.

On remarque ainsi une fois de plus que se sont les mêmes voix qui réclament le plus fort des mesures ultra sécuritaires qui demandent aussi que tout le monde puisse posséder – voire porter dans la rue – des engins conçus pour donner la mort.

Bien sûr, la Suisse ne connaît pas le même phénomène de tueries de masse que les Etats-Unis, et le nombre de morts par armes à feu est en baisse. Mais ces engins emportent toujours au moins 200 vies par an sur le territoire helvétique.

Dans leur combat, les fervents défenseurs des armes semi-automatiques ne jurent que par le «respect» de «la tradition» et la «liberté» de posséder des outils fabriqués pour la guerre. Face à ce discours, il faut continuer à marteler que les armes à feu sont plus une menace pour la société qu’une protection.

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