Édito

Du compromis dynamique au confort mou

Du compromis dynamique au confort mou
Ce n'est que mardi que la présidente du gouvernement vaudois, niria Gorrite, s'exprimera sur l'affaire Broulis. KEYSTONE
Broulis

L’affaire Broulis agite les médias depuis près de trois semaines. Mais c’est seulement mardi prochain que la présidente du gouvernement vaudois, Nuria Gorrite, s’exprimera sur la question devant les députés. Une intervention, au nom du Conseil d’Etat, qui répond à une interpellation d’un élu d’Ensemble à gauche. Or, outre des demandes d’éclaircissement, les arrangements du magistrat avec ses impôts n’ont pas déclenché de séisme politique. Le silence de nombreuses personnalités et partis de gauche est même assourdissant.

La presse – à commencer par le Tages-Anzeiger qui a révélé les incohérences du domicile fiscal du conseiller d’Etat en charge du Département des finances vaudois – a pourtant bien démontré que le grand argentier du canton n’a pas joué franc jeu à l’heure de payer ses impôts. Et relevé que Pascal Broulis a même refusé de s’en expliquer devant ses collègues, se cachant derrière le secret fiscal.

Or, si une seule personne dans le canton devait faire preuve d’exemplarité et de transparence sur le payement de ses impôts, ce serait justement le patron du département qui les collecte et les administre. Peu importe, au fond, le montant des sommes en jeu. Il s’agit d’une question de principe.

Les atermoiements du principal intéressé à l’heure de tenter d’éclaircir sa situation n’ont fait qu’accroître le malaise sur l’attitude du ministre PLR. Un malaise aggravé par la situation fiscale de sa collègue de parti, la conseillère nationale Isabelle Moret. Et par l’attaque du même Broulis contre les journalistes qui en ont parlé.

Partout ailleurs que dans le canton de Vaud, les partis politiques adverses auraient fait feu de tout bois contre un ministre des Finances qui accommode sa propre déclaration. Mais pas au pays du consensus sans vague.

A y regarder de plus près, le traitement – ou plutôt l’évitement – de cette affaire par la classe politique est symptomatique d’un problème de fond. Car le «compromis dynamique» tant loué par les dirigeants vaudois semble s’être mué en confort mou. En système établi, où personne n’ose critiquer l’autre, de peur d’embarrasser un partenaire. Au point de ne même pas réaffirmer des valeurs et exigences de base quand la situation l’exige. De tuer dans l’œuf le débat démocratique et les questionnements politiques. Et surtout, de risquer de faire passer la classe dirigeante locale pour une caste corporatiste, où on s’arrange et se défend parmi.

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