Partager la création artistique?
Professeure en histoire et théorie de l’art, Catherine Quéloz a entrepris des recherches sur la transformation et l’extension des moyens de production artistique depuis les années 1960. Elle a notamment travaillé sur les pratiques artistiques situées, les histoires «mineures» et les conséquences de l’histoire sociale, des théories de genre et postcoloniales sur l’art et l’écriture de l’histoire de l’art. Elle est à l’origine d’un enseignement curatorial et cofondatrice avec Liliane Schneiter du Programme Master de recherche CCC (Etudes critiques curatoriales cybermédias) à la Haute école d’art et de design de Genève (HEAD).
Professeur d’études médiévales et modernes, Liliane Schneiter a de son côté enseigné les études critiques et cybermédias et poursuit le mentorat à la recherche en art dans le cadre de la Research Platform & Doctoral Practice in Arts – laquelle fonctionne comme une ONG de la recherche.
Force est de reconnaître la vogue actuelle des artistes considérant le public à même le processus de la création. Or, précisément, La Marmite n’entend pas restreindre son intervention à une simple action de démocratisation culturelle, d’accès aux institutions culturelles; elle ambitionne aussi de mettre en exergue la sensibilité, la créativité des populations approchées. Notre association voit là une occasion exceptionnelle pour des groupes sociaux d’être sujets: «de témoigner, de se faire entendre, de faire porter leur expérience de la sphère privée à la sphère publique» (Pierre Bourdieu, La Misère du monde).
Toutefois, passée la bonne intention, advient le concret de l’expérience: comment mobiliser les personnes? comment co-construire effectivement entre artiste et population? comment éviter l’instrumentalisation d’individus devenant rouages ou petites mains du rêve d’un autre? Déjà très avancée, la première saison de La Marmite témoigne de tentatives intéressantes, amène des éclairages qui pourront être évoqués le 3 avril prochain. Avant cela, toutefois, Liliane Schneiter et Catherine Quéloz apporteront une précieuse mise en perspective historique et critique.
Intitulée «veillée», la soirée du 3 avril prend une place déterminante dans la vie de l’association La Marmite. Le motif des veillées symbolise une réception culturelle, collective et chaleureuse. A cette enseigne sont prévues trois rencontres annuelles contribuant à éclairer la portée, mais aussi les obscurités, des trois adjectifs qui qualifient La Marmite – projet d’action culturelle, artistique et citoyenne (cf. www.lamarmite.org). A chaque adjectif, sa soirée!
Après une introduction sous la forme, cette fois, d’un éclairage théorique d’environ une demi-heure, l’assemblée est invitée à rebondir en s’appropriant le sujet du soir. Les acteurs de La Marmite (participants de ses parcours culturels, médiateurs, relais associatifs, artistes, associés et permanents) apporteront au pot commun leurs propres constats, leurs convictions, leurs expériences enthousiasmantes ou plus difficiles. Tout un chacun est bien entendu invité à réagir aussi en fonction de sa propre expertise et de ses idées. Au terme de la veillée, pour remercier l’engagement des présents, une agape valorisant les victuailles d’artisans de la région sera offerte.
Par-delà l’amélioration collective du projet de La Marmite, l’enjeu de ces veillées est de servir à d’autres citoyens ou d’autres associations engagés dans le combat culturel et social et de contribuer, plus largement, à la vitalité démocratique.
* Responsable de l’administration de La Marmite, lamarmite.org
Catherine Quéloz & Liliane Schneiter sur le thème «L’art collaboratif. Splendeurs et misères», lu. 3 avril, 20h-21h30 à la Haute école de travail social, rue Prévost-Martin 28 à Genève (bâtiment A, salle 006). Entrée libre dans la limite des places disponibles.