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Budget 2013: un enjeu de société!

AGORA • GENÈVE • Alors que le budget cantonal 2013 reste encore à voter, Eric Decarro dénonce les baisses de prestations et les suppressions de postes dans la fonction publique exigées par la droite.

La question du budget 2013 de l’Etat de Genève déborde largement celle des conditions de travail des salarié-e-s du secteur public.

Elle pose clairement la question de l’accès de la population aux services publics essentiels: se soigner, éduquer les enfants, aider les plus démunis dans cette crise, développer des transports à un prix abordable, administrer efficacement la chose publique, traiter de manière respectueuse les usagers.

Aujourd’hui, les parlementaires de droite exigent des économies renforcées sur ces grands secteurs que sont l’éducation, le social, la santé, tout en renforçant la sécurité. On veut construire des prisons à grands frais tandis qu’on s’attaque sans trêve aux acquis sociaux.

Ces politiques sont vouées à l’échec car les problèmes de la sécurité sont globaux, ils ne se résument pas aux appareils que sont la police, les prisons et le pouvoir judiciaire. Ils doivent nécessairement prendre en compte le social, l’éducation, la possibilité de travailler et d’obtenir en échange un revenu décent, la possibilité d’être intégré et pris en compte au sein de la collectivité. C’est cela un état de société, contre un état d’hostilité.

Les politiques des partis de droite, bien loin d’intégrer, excluent et précarisent de plus en plus. Elles visent à privatiser tout ce qui peut être rentable, à soumettre le plus possible d’activités à la loi du profit. Les services publics sont aujourd’hui «mités» par les privatisations.

C’est pourquoi ces partis s’attaquent au personnel de base de la fonction publique dont le travail répond avant tout aux besoins de prestations de la population et échappe à ladite loi. Si ces politiques devaient continuer de s’imposer, l’accès à des services de qualité serait réservé à celles et ceux qui ont de l’argent et peuvent se payer des services privés. Les autres devraient se contenter de services minimums dans les établissements publics, ou seraient exclus.

Ces politiques heurtent toutes nos conceptions de la justice. Celle-ci consiste à donner à chacune et chacun ce qui lui revient. Et aussi ne pas s’emparer du bien d’autrui, en particulier le produit de son travail. Les individus doivent avoir la possibilité de mettre en œuvre cette richesse que chacune et chacun porte en lui, à savoir sa capacité de travail, sa faculté de faire, de coopérer avec les autres, au lieu que celle-ci soit gaspillée à grande échelle comme aujourd’hui. Et il faut qu’ils puissent exercer leur activité en conscience, et non dans des conditions de plus en plus oppressives, soumis une hiérarchisation croissante et à des procédures hyperformalistes.

Tous les peuples, toutes les femmes et tous les hommes, aspirent à une amélioration de leur situation matérielle et culturelle, pour eux et pour leurs enfants. C’est pourquoi une société qui condamne la majorité des citoyennes et citoyens à une dégradation constante de leurs conditions de vie, tandis qu’une infime minorité continue de s’enrichir effrontément, comme c’est le cas partout depuis une vingtaine d’années, une telle société est privée d’avenir.

L’Etat devrait avoir pour but et fonction prioritaire de favoriser une amélioration de la situation de la population, et non, comme à Genève, de pratiquer une politique fiscale hypercomplaisante envers les multinationales et sociétés de négoce, leur offrant ainsi une base pour développer au moindre coût leurs activités prédatrices dans le monde entier.

Il ne devrait pas pouvoir accorder année après année des cadeaux fiscaux aux possédants ou aux entreprises tandis qu’il ne cesse de raboter, voire de sabrer, les prestations de services publics à la population et les conditions de travail du personnel.

Pour conclure, les salariés de la fonction publique ne sauraient rester isolés dans cette lutte budgétaire car des prestations indispensables pour
la majorité de la population sont menacées. Les services publics constituent un bien commun qu’il faut défendre et développer.

* Ancien président du Syndicat des services publics (SSP-VPOD) suisse.

Opinions Agora Eric Decarro

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