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La fin des haricots

AGORA SANTE • La pénurie en personnel infirmier et médical est savamment entretenue: elle permet d’économiser sur la formation et sur les postes.

Voilà des années que nos responsables savent que la pénurie de personnel infirmier et médical va aller en s’aggravant. Les expert-e-s, puis les associations professionnelles, ont donné l’alarme il y a plus de dix ans, c’est-à-dire avec assez d’avance pour pouvoir former le personnel nécessaire aujourd’hui. Cependant nos dirigeant-e-s n’avaient aucune intention d’y remédier. Il est en effet moins coûteux de pomper allègrement chez les autres!
Dans les hôpitaux, la proportion de soignant-e-s étrangères-ers est d’environ un tiers avec des disparités importantes, la part de corps infirmier recruté à l’étranger dans certains hôpitaux de Suisse romande atteignant parfois les 55%. Chez les médecins assistant-e-s et chef-fe-s de clinique, la proportion de non-Suisses est plus grande en Suisse alémanique, avec une part importante d’Allemand-e-s, mais avec des variations selon les disciplines, notamment celles souffrant de la plus grande pénurie, comme la psychiatrie.
Mais voilà, cela ne suffit toujours pas et les autres pays ont quand même commencé à se plaindre, car le phénomène entraîne des conséquences en série: nous «consommons» des professionnel-le-s allemand-e-s et français-es, la France et l’Allemagne se fournissent dans le Maghreb et l’Europe de l’Est, etc. On s’est mis donc à recruter des étudiant-e-s en soins infirmiers, et certaines facultés de médecine ont augmenté le nombre de place en médecine.
Enfin, l’autre bonne raison d’avoir instauré cette pénurie, c’est de pouvoir diminuer le nombre de postes. Car quelle meilleure raison de ne pas engager de personnel supplémentaire que de ne pas pouvoir le faire?
 

* Médecin en colère.
Texte paru dans Pages de gauche n°105, novembre 2011. www.pagesdegauche.ch

Opinions Agora Stéphanie Pache

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