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Une enquête indépendante est nécessaire

Olivier de Marcellus réagit au courrier d’une lectrice publié récemment dans nos colonnes.
Manifestation

J’ai le plus grand respect pour Marie-Claire Tschopp, mais je dois réagir à sa lettre à propos des violences lors la manifestation du jeudi 2 octobre, qui envoie dos à dos la violence de la police, et celle, alléguée par la police, des «blacks blocs».

Mais quelles violences ont effectivement eu lieu? Selon une multitude de témoignages, y compris celui des journalistes de la Tribune de Genève par exemple, cette manifestation s’est déroulée dans le calme jusqu’à sa rencontre avec un barrage de la police sur le pont du Mont-Blanc. C’était vers 20h – soit après deux heures de désobéissance civile de masse bloquant la circulation, en conformité avec la consigne de l’appel à la manifestation. Ce n’est qu’au moment où la première ligne de la manifestation a tenté de forcer ce barrage au moyen d’une banderole renforcée (geste peu violent et de fait très symbolique étant donné les forces en présence) que la violence – celle de la police – s’est déchaînée. Au lieu de simplement repousser la première ligne (manœuvre standard dans ce genre de situation), la police s’est mise à tirer des capsules de gaz au-dessus des têtes intoxiquant toute la manifestation, asphyxiant plusieurs personnes et créant un début de panique. Gazer intensément 3000 personnes massées sur un pont était un acte aussi dangereux qu’injustifiable. La manifestation a ensuite réussi à rebrousser chemin vers son point de départ, mais a été à nouveau bloquée et attaquée sur la rue du Mont-Blanc avec une débauche de moyens: gaz, camion à eau, balles en caoutchouc. Elle s’est alors divisée en plusieurs tronçons, mais avec des participant.es déterminé.es à continuer de manifester. La police les pourchassait partout, allant jusqu’à les gazer dans la gare. Une grande partie des participant·es (avec les plus déterminé·es… et agiles) a tout de même tenu coûte que coûte la rue jusqu’à 22h. Je les observais passer, généralement pas habillé·es de noir, simplement des jeunes toujours plus révolté·es par le génocide, et par la complicité assumée de nos gouvernements soi-disant démocratiques et respectueux des droits humains, confirmée par cette répression policière. Révolté·es et déterminé·es à exercer leur droit de manifester malgré cette répression sans mesure. Ils et elles ne mettaient pas en péril ce droit, mais le défendaient! Quant à savoir «qui avait intérêt de discréditer le courage de sortir dans la rue», la réponse est évidente: la police, et les forces d’extrême droite (voir les propositions de l’UDC suite aux dernières manifestations) cherchant des prétextes pour supprimer nos droits.

Nous avons parfois vécu des manifestations où des débordements ont effectivement mis en péril le droit d’autres manifestant·es de s’exprimer à leur manière. Ce n’était tout simplement pas le cas ce jeudi-là. Evitons le «prêt-à-penser», qui condamne (ou défend) par principe tel ou tel moyen de manifester, et ne prenons pas pour argent comptant les fabulations sur les sempiternels «150 blacks blocs».

Oui, exigeons une enquête indépendante sur cette soirée, en espérant que le Conseil d’Etat, Mme Kast en premier lieu, aura la volonté d’en tirer les conclusions!

Olivier de Marcellus,
Genève