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10’000 «privilégié·es» dans la rue

Marc Bertholet défend la lutte menée actuellement dans le canton de Vaud concernant l’indexation des salaires du public et du parapublic.
Manifestation

Nous étions environ 10’000 dans les rues de Lausanne le mardi 31 janvier et le jeudi 9 février. Dix mille «privilégie·é·s» selon le jugement maintes fois réitéré par les forces qui sont aujourd’hui majoritaires au sein du gouvernement de Madame Luisier. Les infirmièr·e·s qui ont été au front contre le COVID? «Privilégié·e·s». Les nettoyeu-ses qui ont été au front contre le Covid? «Privilégié·e·s». Les enseignant·e·s, aussi au front contre le Covid, et dont près d’un·e sur cinq quitte le métier durant les cinq premières années de métier? «Privilégié·e·s». Les logisticien·n·es, les salarié·e·s du service des routes ou de la protection de l’enfance? Tous et toutes des «privilégié·e·s.». Les salarié·e·s du parapublique, qui s’occupent et prennent soin de nos aîné·e·s, des personnes en situation de handicap, de nos jeunes en rupture? Des «privilégié·e·s» aussi? Ainsi donc, 10’000 «privilégié·e·s» se sont amusé·e·s, parce qu’il n’avait sans doute rien d’autre à faire ce soir-là, ont quitté leurs palais et sont partis en jets privés pour défiler dans les rues. Ou alors…

Ou alors ces 10 000 salarié·e·s ont estimé que le gouvernement de Madame Luisier mentait ouvertement lorsqu’il communique sa «volonté de dialogue» alors qu’il n’a pas répondu aux courriers des organisations syndicales les représentant durant six mois, pour finalement imposer sa baisse des salaires réels sans négociation. Ou alors c’est que ces salarié·e·s, qui font des métiers pénibles, estiment collectivement qu’au moment où certains secteurs de la santé sont au bord de l’effondrement en raison du manque de personnel, il n’est pas très «intelligent» de baisser les salaires réels des infirmièr·e·s. Ou alors c’est peut-être que ces salarié·e·s ont estimé que le canton de Vaud a une fortune de plus de 5,3 milliards, que les caisses sont donc pleines, et qu’il n’y a strictement et absolument aucune justification pour que leurs salaires baissent. Ou peut-être, enfin, se sont-ils intéressés au fait que, dans le canton de Vaud, la fortune imposable privée est de plus de 155 milliards de francs (15 fois le budget de l’Etat), dont près de 80% sont entre les mains de 10% des réels privilégié·e·s. Et que dès lors, les traiter, eux et elles, de «privilégié·e·s», était sans doute un peu fort de café et que quitte à demander des «efforts», il faudrait peut-être songer à s’adresser aux bonnes personnes.

Les moyens existent dans le canton de Vaud pour ne pas s’attaquer aux conditions de travail des infirmières ou des travailleuses sociales, du public et du parapublic. Et les moyens existent également, et largement, pour améliorer les conditions de travail du secteur privé. Nous continuerons à nous défendre et nous ne lâcherons rien.

Marc Bertholet,
Militant syndical SSP-Vaud

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