Skip to content

Le Courrier L'essentiel, autrement

Je m'abonne

Préserver les droits démocratiques

Marie-Claire Caloz-Tschopp analyse et interroge les violences qui se sont déroulées lors d’une récente manifestation.
Manifestation

Trois mille personnes ont exprimé une colère légitime le 2 octobre 2025 dans une manifestation publique à Genève. Parole. Pensée libre. Non. Perturbation de la ville. Blessés. Panique. Elles ont été prises en étau entre la police – avec un dispositif et des moyens disproportionnées (gaz lacrymogène, canon à eau, balles en caoutchouc, matraquages, blessés) – et des black blocs (masqués, peut-on se contenter de dire qu’ils viennent d’ailleurs?). Amnesty international a interrogé la démesure de la réponse policière.

Qui avait intérêt à discréditer le courage de sortir dans la rue, exprimer dans l’espace public son refus du génocide à Gaza et les autres conflits en chaîne? Le courage de manifester des 3000 personnes mérite toute notre attention. Ainsi que la peur manipulée, toujours mauvaise conseillère. A qui profite le chaos d’anéantissement qui enflamme non seulement le Moyen-Orient mais aussi la planète?

Guerre et manifestation. Quel mandat précis avaient les policiers pour assurer la sécurité du droit de manifester? Qui contrôle que la police remplisse son mandat avec rigueur? Qui sont les policiers à incriminer pour les débordements? Qui sont les 150 (?) black blocs aux méthodes connues? Y-a-t-il des rapports entre les black blocs, l’extrême-droite et certaines franges de la police? La question ne concerne pas que Genève, mais aussi la Suisse et l’Europe. Ces questions se posent après d’autres constats d’étranges porosités de violence guerrière dans l’air du temps. Adopter une tolérance ambiguë vis-à-vis d’une extension de la violence guerrière en cours, avec la part de sauvagerie et de destruction qui s’étend, c’est défendre les intérêts de qui et pourquoi?

Démocratiser la démocratie est un impératif politique d’auto-protection, dans un contexte anxiogène de banalisation de la violence économique, politique, sociale qui met en cause la survie générale. Une enquête publique, civique, indépendante et rigoureuse s’impose sur le respect du droit de manifester. Sanctions à l’appui.

Une telle enquête pourrait établir par ailleurs et tenir à jour un inventaire systématique des formes de violence mettant en péril: le droit de manifester, les droits démocratiques fondamentaux en lien avec la paix, la sécurité, l’égalité, la justice. Dans les temps que nous vivons, un rapport de recherche synthétique mis à jour sur la banalisation de la violence guerrière et l’importance de la démocratie s’impose à Genève et ailleurs. C’est le prix à payer pour démocratiser, fédérer des pratiques de sauvegarde de la politique et de la philosophie civique, ainsi que pour analyser et réfléchir aux conséquences des atteintes démocratiques.

Marie-Claire Caloz-Tschopp
Genève