Après le Panama, le Costa Rica ou encore le Salvador en Amérique latine, c’est au tour de l’Afrique d’être sommée d’accueillir les migrants, présentés comme des «monstres barbares» dont Trump and Co cherchent à se débarrasser. Avec, à la clé, des scénarios hallucinants et une véritable levée de boucliers de la part d’organisations de la société civile; tandis que sur les réseaux sociaux, des internautes accablent les dirigeants africains qui acceptent de «devenir la poubelle des Etats-Unis» en accueillant des criminels qui n’ont aucun lien avec leurs pays.
Les pays africains avec lesquels les USA ont déjà passé un «deal», présentés comme «pays tiers sûrs», sont notamment le Soudan du Sud, pays au bord de la guerre civile, où le département américain déconseille à ses propres ressortissants de se rendre en raison «de la criminalité, des kidnappings et d’un conflit armé». Ou encore l’ex-Swaziland, désormais nommé Eswatini, royaume d’opérette enclavé dans l’Afrique du Sud, dirigé d’une main de fer par le roi Mswati III, connu pour sa dizaine d’épouses et son train de vie extravagant, qui mène la vie dure à ses compatriotes. C’est ainsi qu’en juillet dernier, huit hommes expulsés des Etats-Unis ont atterri à Juba, la capitale du Soudan du Sud. Originaires du Laos, de Cuba, de Birmanie, du Mexique et du Vietnam, parmi lesquels un seul a la nationalité sud-soudanaise, ils ont été embarqués de force sans connaître leur destination. Un scénario quasi identique s’est déroulé dans l’ex-Swaziland, qui a accueilli des ressortissants originaires de la Jamaïque, du Laos, du Yémen, de Cuba et du Vietnam.
L’Ouganda et le Rwanda sont également sur les rangs pour accueillir les migrants illégaux expulsés des Etats-Unis dont les pays d’origine, en principe, ne souhaiteraient pas le retour. Le Ghana est le cinquième pays africain avec lequel un deal vient d’être conclu, sous réserve qu’il ne s’agisse que de ressortissants ouest-africains. Parmi les raisons qui ont poussé le président ghanéen John Dramani Mahama a entrer en matière figure l’espoir de nouvelles négociations concernant les droits de douane imposés aux exportations de son pays, actuellement taxées à 15%, ainsi que la levée d’une restriction dans l’octroi de visas récemment imposée à Accra par Washington.
Comme pour d’autres régions du monde, Union européenne et Suisse comprises, les pressions exercées par les Etats-Unis font accepter l’inacceptable à des pays qui tentent d’éviter d’être pénalisés par Trump and Co. Et ça marche! Le «visa ban» interdisant tous les Sud-Soudanais de séjour aux Etats-Unis, mis en place en avril, a été levé par l’administration américaine fin août. Quant à l’ex-Swaziland et à son très prédateur souverain, le New York Times croit savoir que ce pays aurait demandé jusqu’à un demi-milliard de dollars pour accepter sur son sol des migrants expulsés des Etats-Unis, avant de se montrer plus «raisonnable» et prêt à en accueillir 150 en échange de 10 millions de dollars…