Si le syntagme «vivre-ensemble» prête parfois à la critique, tant il a été utilisé pour désigner des formes tronquées de vie collective, ce que pointent ces termes est cependant essentiel: construire de concert une vie commune. Une vie commune comme tenant et aboutissant d’une société démocratique – dans son sens le plus intensif – qui ne va pas sans exigence en matière d’engagements publics, en matière de nécessité de se jeter dans des interactions sociales parfois pétries d’incertitudes. Ainsi, parler de société démocratique et de vie en commun, c’est exprimer aussi la nécessité de la construction de formes de solidarités, d’en construire des formes inédites ou parfois de renouer avec des formes abandonnées. Or, en deçà d’un isolement individuel croissant, foisonnent des pratiques et initiatives qui contribuent à produire au quotidien ces liens sociaux.
Comment se constituent ces formes de solidarités? D’abord par des formes de vie et des manières d’interagir au quotidien, certes. Mais aussi par un foisonnement de propositions individuelles, collectives ou publiques ouvrant les voies aux rencontres et aux échanges, nourrissant les désirs d’inattendu, les désirs de collectif et les désirs aussi d’entraide. Trois dimensions fondamentales de la vie en commun qui permettent de véritablement faire société. Ouvrir des voies dans ces trois directions de l’inattendu, du collectif et de l’entraide semble plus que jamais nécessaire. Ces propositions nourrissant cette vie commune émanent néanmoins de groupes ou d’entités bien différentes les unes des autres et où se déploient des formes collectives hors du marché, fort contrastées mais certainement complémentaires: les pratiques de la société civile – du monde associatif et syndical notamment –, l’action des collectivités publiques – aux différents échelons – et la vie des communautés religieuses, dont le Centre d’information sur les croyances a recensé 407 communautés à Genève, représentant 36 courants de 13 traditions religieuses. Or ces trois mondes constituent autant de terreaux fertiles pour cette vie démocratique, mais qui tendent à s’ignorer ou considèrent parfois avoir un monopole dans le domaine. A suivre les différentes histoires de l’entraide et de la vie collective, chacun de ces trois domaines semble en être l’acteur principal.
C’est précisément ce qui se dégage des résultats une recherche-action menée entre 2022 et 2024 par le Centre d’information sur les croyances (CIC), qui a décrit le foisonnement de pratiques, de projets et de lieux contribuant à produire de la solidarité; le foisonnement mais aussi le cloisonnement qui séparait bien souvent ces pratiques collectives les unes des autres. Un cloisonnement que certaines interprétations intransigeantes de la Loi sur la laïcité de l’Etat (LLE) tend certes à amplifier, nourrissant la clôture entre la diversité religieuse qui caractérise une ville comme Genève, la société civile et les collectivités publiques. Cette recherche a montré surtout la nécessité, le besoin et le désir d’échanger, de débattre et de mutualiser les expériences qui façonnent cette vie collective. A cette fin, le CIC organise en 2025 trois forums publics sur les formes de solidarités locales. Ces espaces d’échanges offrent l’occasion à différents groupes de la société civile, de communautés religieuses ou de collectivités publiques de présenter des projets, activités, engagements ou lieux, avant de débattre en petits ateliers sur ce qui suscite nos désirs de collectif et de formes de vie de quartiers.
Le prochain forum portant sur la production de solidarités dans les quartiers de Plainpalais, des Acacias et de la Jonction, aura lieu jeudi 12 juin à l’Espace de quartier de Plainpalais1> Forum public: «Quartiers solidaires. Quelles initiatives pour quelle vie de quartier?» – Plainpalais, Acacias, Jonction, je. 12 juin, à 18h45, Espace de quartier de Plainpalais, 3 r. des Minoteries, Genève. Informations: www.cic-info.ch/actualites/evenements/. Ce forum ouvert à tou·te·s et gratuit offre une occasion d’échanger, de penser et d’encourager collectivement ces formes de solidarités contemporaines et surtout d’échafauder ensemble des voies renouvelées de vie en commun.
Notes