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Sexualité instrumentalisée

KEYSTONE / IMAGE D'ILLUSTRATION
Education sexuelle

Le débat porté par des parents d’élèves sur le contenu soi-disant idéologique des cours d’éducation sexuelle refait régulièrement surface. A Genève, il gagne en écho à la faveur d’une majorité parlementaire de droite prompte à s’élever contre un prétendu «wokisme» généralisé. Principalement dans le viseur, les notions portant sur l’identité de genre, qui inciteraient les jeunes à entamer des transformations physiques invasives. Des arguments antitrans qui font douloureusement écho à la campagne menée en la matière par Donald Trump dès son accession à la Maison-Blanche. Sous couvert de critiquer l’adéquation des enseignements dispensés avec l’âge des enfants concerné·es, les collectifs de parents impliqués ignorent l’existence de minorités qui luttent encore et toujours contre des discriminations systémiques.

Nous ne sommes pas face à un épiphénomène genevois. A la fin janvier, la France actait, au terme de longs mois de discussion, le nouveau programme d’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle. Si le texte final apparaît plutôt progressiste, le chemin fut tortueux. Sous la pression de collectifs conservateurs, des notions relatives à la lutte contre la transphobie et à l’identité de genre en général avaient failli être biffées. Derrière les collectifs qui critiquent l’éducation sexuelle nationale, on retrouve par exemple Parents vigilants, une émanation du parti d’extrême droite Reconquête d’Eric Zemmour. Mais aussi le Syndicat de la famille, anciennement Manif pour tous, mouvement ultraconservateur d’opposition au mariage entre personnes de même sexe.

Le spécialiste des mouvements antigenre David Paternotte, professeur à l’Université libre de Belgique, disait à leur propos dans les colonnes de Libération: «Ils donnent l’impression de mobilisations de Monsieur et Madame Tout-le-Monde. C’est une présentation de soi assez courante dans ces mouvements-là, où l’apolitisme, en général, cache des positions de droite.»

De quoi mettre en perspective des discours qui, à la sortie des écoles, jouent sur la peur infondée de l’existence d’une idéologie rampante. Les cours d’éducation sexuelle doivent participer à la défense du vivre-ensemble et de la diversité. Et permettre de donner à chaque enfant un éclairage serein sur le chemin de sa construction affective.

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