Édito

Quand la Tech choie l’extrême droite

Quand la Tech choie l’extrême droite
Le businessman Elon Musk, patron de X, prend part à une réunion de son nouveau département ministériel, nommé par le président Donald Trump. KEYSTONE
Nouvelles technologies

Les vannes sont ouvertes. Le réseau social Facebook, et ses divers avatars1>Instagram, Messenger, WhatsApp et Threads. regroupés sous la bannière Meta, a annoncé mardi son alignement sur les pratiques controversées de X (ex-Twitter). A savoir que la modération et le fact-checking seront abandonnés. Aux Etats-Unis seulement, dans un premier temps, la législation européenne étant un peu plus pointilleuse en matière de fake news et autres manipulations de l’opinion publique.

Mais la non-réaction d’Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, est révélatrice d’un climat fait de peur – il s’agit de ne pas froisser le nouveau président élu des Etats-Unis dont on connaît l’imprévisibilité – et de complicité. La dérive réactionnaire qui a vu le retour du président orange et de sa clique d’extrême droite fait des ravages en Europe aussi. Le nouveau gourou de Donald Trump, Elon Musk, patron de X, intervient d’ailleurs dans la campagne européenne en soutenant la très inquiétante AfD (Alternative für Deutschland) en Allemagne.

La démarche est justifiée au nom de la liberté d’expression. Il sera donc possible de dire n’importe quoi, de propager des bobards et d’attiser le feu de la haine, comme Donald Trump l’avait fait en poussant au crime les putschistes du Capitole. Le tout est enrobé dans une langue de bois orwellienne. Officiellement, les internautes seront chargé·es des «vérifications». On a vu avec X à quel point cette modération est inexistante.

Cette alliance de la big tech et de la Silicon Valley avec des idéologies antidémocratiques doit inquiéter. Elle renvoie à des précédents historiques sinistres. Et elle a déjà des effets délétères. Lors de la campagne électorale étasunienne, le célèbre Washington Post a refusé de prendre position pour Kamala Harris, ce qui avait été compris comme un soutien implicite à Donald Trump. Son propriétaire étant Jeff Bezos (patron d’Amazon), qui a des intérêts économiques à défendre. Dernier épisode en date, la censure d’un dessin de presse dans le même titre qui ironisait sur l’aplaventrisme des barons de la tech devant le président élu Donald Trump.

Cela montre une nouvelle fois que la prise de contrôle des grands médias par les nouveaux géants de l’économie mondiale – Elon Musk est l’homme le plus riche du monde – obéit à des logique profondes de pouvoir et d’assise de positions économiques dominantes. La lancinante question de la propriété des moyens de production.

Dans les pays voisins, c’était souvent l’alliance du béton et des canons qui donnait le la. On voit que les champs d’influence du pouvoir migrent vers les nouvelles technologies de l’information et de la communication. Avec des effets tout aussi dangereux pour la démocratie.

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