Édito

Echec pour la justice climatique

Echec pour la justice climatique
Une participante réagit aux annonces de la session de fermeture de la COP 29, le 24 novembre à Bakou. KEYSTONE
Climat

Les pays pauvres, historiquement moins émetteurs de CO2 et plus exposés aux catastrophes climatiques, ne devraient recevoir que des miettes pour s’adapter au réchauffement. Les COP nous avaient habitué·es aux déceptions, la dernière en date, la 29e du nom, a fini dimanche soir de nous plonger dans la consternation, après la sidération causée par la seconde élection du climato-négationniste Donald Trump le 5 novembre.

Tout était réuni dès le début du sommet pour immerger l’observateur dans une dystopie du type 1984 de George Orwell: une conférence pour «sauver le climat» présidée à nouveau, après les Emirats arabes unis en 2023, par un régime autoritaire pétrolier. Une dictature, l’Azerbaïdjan, qui écrase militairement et économiquement son voisin arménien et ses opposant·es; et réaffirme avec force qu’elle n’entend nullement diminuer les exportations de ses hydrocarbures, «un don de Dieu». Elle annonce au contraire intensifier leur extraction. Applaudissements feutrés. Rien à redire, ni en Occident ni en Russie, que l’Azerbaïdjan courtise tous deux avec succès, fort de son potentiel énergétique.

Les plus importants chefs d’Etat auront toutefois pris le soin de bouder ostentatoirement l’événement, pour éviter tout dégât d’image supplémentaire auprès de leurs opinions publiques respectives. La farce avait été dénoncée en amont. Les activistes climatiques ne seront ni déçu·es ni surpris·es. Dégoûté·es, assurément.

Le plus préoccupant peut-être: alors qu’elle avait été arrachée du bout des lèvres en novembre 2023 lors de la dernière COP à Dubaï, la nécessaire sortie des énergies fossiles n’a pas été entérinée. Aucune mention de cet «éléphant dans la pièce» que les principales élites mondiales, tant politiques qu’économiques, souhaitent oublier, tant à la COP que lors du Sommet du G20 à Rio qui s’est achevé il y a quelques jours. Fin octobre, l’ONU avait pourtant calculé que les «plans climat» nationaux annoncés par les gouvernements du monde ne parviendront qu’à réduire de 2,6% nos émissions d’ici à 2023 par rapport à 2019. Alors qu’elles doivent diminuer de 43% pour que la planète ne se réchauffe pas au-delà de 1,5° C.

Plutôt que d’imiter Donald Trump dans les faits, les dirigeants des autres grandes puissances seraient mieux avisés de le combattre sur le plan climatique en montrant la voie à suivre pour la décennie à venir. Sans aucune bride sur le cou, les intérêts économiques capitalistes, surreprésentés à Bakou et dont la seule boussole est celle du profit à court terme, entraînent l’humanité et le vivant vers un crash certain. Peut-on encore convaincre ou forcer les gouvernements à contraindre à leur tour les firmes, les banques et autres investisseurs, ou faudra-t-il renverser la table de ce casino aux dés pipés?

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