Vols de nuit
«La droite ne veut plus protéger notre qualité de vie.» Habitant aux abords de l’aéroport Genève-Cointrin, Anne Robert-Nicoud réagit aux propositions de révision de la loi fédérale sur l’aviation formulées par Albert Rösti et la droite parlementaire.
Ce printemps, le parlement fédéral s’est penché sur la question du bruit admissible dans les logements, bruit généré par les routes ou les avions. Au Conseil national, la droite (PLR) et son alliée UDC ont imposé l’idée que dans les zones soumises au bruit et donc non constructibles, il fallait alléger les règles et autoriser la construction de logements, pour autant qu’une seule pièce soit préservée du bruit extérieur. Ces derniers jours, c’est le conseiller fédéral UDC chargé des Transports, Albert Rösti, qui a proposé d’inscrire dans la Loi sur l’aviation l’autorisation des vols de nuit, ceux-là mêmes dont son propre département, le DETEC, nous dit qu’ils créent le plus de nuisances pour les riverains, alors que le défi dudit département est de maintenir les mesures contre le bruit aérien.
Pour le seul canton de Genève, selon les normes de l’OMS, ce sont 20% des habitant·es (100’000) qui sont durement affectés par le bruit des avions. Ne plus pouvoir ouvrir ses fenêtres ou utiliser son balcon ne dérange plus la droite. Celles et ceux qui défendent cette pseudo qualité de vie nous disent avoir effectué une pesée d’intérêts: faire vivre les gens dans des aquariums insonorisés est le résultat éclairé de cette pesée d’intérêts. Pour eux, restreindre les vols de nuit de 22h à 7h est une absurdité, alors qu’à Genève plus de 80% des motifs de vols sont les loisirs.
Ces dernières semaines, le même conseiller fédéral, avec l’appui de la droite, a proposé de modifier la Loi sur l’aviation pour éviter que les aéroports soient obligés de restreindre leurs horaires d’exploitation afin respecter le droit de l’environnement. Il est attristant d’oser défendre ces positions, qui ne visent qu’à diminuer notre qualité de vie et à affaiblir ce qu’il reste de la protection contre les nuisances et les atteintes à l’environnement. Que penser d’un parti qui se dit «humaniste», qui prétend vouloir «un environnement intact synonyme de qualité de vie et bien-être», mais dont les actions réelles sont exactement contraires à ses propres valeurs?
Anne Robert-Nicoud,
Vernier (GE)