Refus des fatalités
L’élargissement de certaines autoroutes est sur le balan. Les deux sondages de référence sur les votations du 24 novembre – celui de la SSR et celui de Tamedia – mettent les partisans et les opposants à ce projet à égalité: 48% de non contre 49% de oui pour l’étude de Tamedia – autant dire que l’on est dans la marge du taux d’erreur. La SSR donne même le non vainqueur à 51%.
Le oui recule fortement, puisqu’il y a un mois seulement, 56% des personnes sondées soutenaient encore l’objet. Comme attendu, le clivage gauche-droite joue à fond, avec un soutien marqué du côté des partis bourgeois et un rejet tout aussi net à gauche. On relève aussi que les Romand·es sont sceptiques, sans doute en raison du déséquilibre des investissements qui avantagent outrancièrement la Suisse alémanique – la troisième voie Genève-Lausanne n’a été rajoutée qu’in extremis. Un phénomène qui se retrouve d’ailleurs dans le dossier du développement du rail.
Fait marquant, on observe également une différence d’opinion très forte selon les genres. Les femmes ne sont que 36% à défendre l’objet contre 56% des hommes. Ce clivage en fonction des sexes sur des sujets sociétaux était très marqué dans les années quatre-vingts et nonante, avant de s’estomper. Depuis quelque années, il revient sur le devant de la scène, y compris d’ailleurs dans les scrutins d’élections.
On le retrouve aussi sur le second objet EFAS, le projet de financement uniforme des prestations ambulatoires et hospitalières, où un refus ne peut plus être exclu. Quelque 60% des hommes soutiennent le projet contre seulement 47% des femmes. Le rôle que jouent ces dernières dans le care joue sans doute un rôle. Tout comme le fait que les professions de la santé sont fortement féminines. Les personnes directement concernées craignent pour leurs conditions de travail et leurs salaires. Le projet mis en votation laissant les coudées franches aux assureurs, leur méfiance est justifiée.
Enfin, les rapports de force sur le droit du bail sont également relativement serrés. Avec un petit avantage au oui en ce qui concerne les restrictions posées aux sous-locations. Et un soutien plus net (56% de oui) en faveur de la résiliation de bail pour besoin propre.
Un front du refus n’est donc plus exclu. Ce qui serait à la fois un désaveu pour le Conseil fédéral, et pour la droite dure qui fait la loi aux Chambres. Gageons que la campagne va se durcir ces prochains jours pour tenter d’inverser ces tendances.
Au-delà de la bonne nouvelle que constituent ces sondages – le démantèlement social et le saccage de l’environnement ne sont pas une fatalité –, cela montre aussi et surtout que les seuls combats perdus sont ceux que l’on ne mène pas.