Édito

Otan en emporte le vent

Otan en emporte le vent
Viola Amherd, à droite, et Katja Gentinetta, autrice du rapport, à gauche, jeudi 29 août à Berne. KEYSTONE
Suisse

La Suisse, membre de l’OTAN, l’alliance militaire des pays occidentaux sous pilotage étasunien? L’idée fait son chemin. La Commission d’étude sur la politique de sécurité a rendu jeudi un rapport prônant un «rapprochement» avec l’OTAN et un «assouplissement» de la politique de neutralité.

Des termes qui tiennent de la langue de bois. Ce rapprochement est évoqué depuis quelque temps déjà. Cette fois, c’est un tournant de la politique étrangère de la Suisse qui est proposé. La caste militaire semble avoir tenu la plume de ce rapport. D’autres joyeusetés teintées de gris-vert émaillent ce douteux document. Comme la proposition d’une augmentation du budget de l’armée qui fixe comme objectif d’atteindre 1% du PIB. Soit passer de 5 à 8 milliards de francs, même si ce chiffre est fluctuant du fait des dépenses hors budget, comme l’achat des coûteux avions de combat.

De même, la politique de réexportation d’armement doit être assouplie, prône la Commission fédérale. En clair, la Suisse pourrait redevenir une plate-forme pour le trafic d’engins de mort. Enfin, pour la bonne bouche, on trouve des allusions au redressement moral et la promotion de la résilience des Suissesses et des Suisses, entre autres propositions qui fleurent bon le bourrage de crâne et la lutte contre les opinions minoritaires ou contestataires. A quand le retour de l’armée secrète P-26?

Bref, on l’a compris, c’est sur un rapport très orienté que les député·es vont maintenant débattre à Berne. Avec un clivage gauche-droite, certes, mais aussi une extrême droite très attachée au principe de la neutralité et qui montre les crocs. Cela suffira-t-il à faire émerger les solutions véritablement à même de garantir la sécurité de la Suisse? Par exemple, son rôle précisément de place de négociation entre belligérants. Et ses actions dans le domaine si important de la construction de la paix, le peacebuilding, pour employer un anglicisme. Ou en ratifiant enfin le Traité pour l’interdiction des armes atomiques.

Il est vrai que son action récente en matière de politique étrangère n’a pas été en phase avec ce rôle traditionnel. Sur le conflit au Proche Orient, sa posture complaisante à l’égard des opérations militaires meurtrières d’Israël et son lâchage de l’UNRWA, l’organisme onusien chargé d’aider les populations palestiniennes, sont une pierre dans son jardin. Cela ne rend guère optimiste pour la suite des débats parlementaires.

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