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Freiner les coûts, fausse bonne idée

Freiner les coûts, fausse bonne idée
L'indignation de la droite contre le risque d’une médecine à deux vitesses est totalement hypocrite. KEYSTONE
Coûts de la santé

C’est le dernier moment pour glisser son enveloppe dans l’urne. Au menu des votations, l’initiative du Centre pour un frein aux coûts est combattue par la droite comme par la majorité de la gauche.

Avec son initiative, le Centre met le doigt sur un problème de taille. L’inaction politique et les blocages parlementaires participent à l’explosion des coûts des maladies. Mais le remède proposé est une fausse bonne idée. Si l’initiative était acceptée, les coûts de la santé seraient liés à l’évolution des salaires: ils ne pourraient pas augmenter dans une proportion supérieure à 20% des revenus. Sans quoi le Conseil fédéral serait obligé de prendre des mesures. Lesquelles? L’initiative ne le dit pas et laisse la Confédération en décider, avec les cantons, les assurances et les prestataires.

C’est là où se situe le danger. Un gel des budgets aurait des conséquences néfastes sur un secteur public déjà sous pression, alors que le besoin de revalorisation des soignant·es est criant et essentiel pour maintenir la qualité des soins. Le peuple l’a bien compris en acceptant l’initiative pour des soins infirmiers forts, qui n’a toujours pas été mise en œuvre. L’initiative du Centre risque également d’avoir pour conséquence une limitation des remboursements aux assuré·es, qui mènerait à une médecine à deux vitesses.

Reste qu’il ne faut pas se leurrer. Si la droite combat aussi l’initiative avec force, ce n’est pas parce qu’elle est poussée par des considérations sociales. Son indignation contre le risque d’une médecine à deux vitesses est totalement hypocrite. Introduire une inégalité entre assuré·es est d’ailleurs dans son agenda politique. Le projet d’une assurance «low cost» défendu par le PLR Philippe Nantermod l’illustre bien. Son refus de l’initiative pour un frein aux coûts vient surtout de sa crainte que les acteurs privés de la santé – les pharmas, comme les spécialistes et les cliniques qui réalisent de juteux bénéfices –  soient davantage contrôlés.

Face à cela, un changement de paradigme est nécessaire. Ce qui coûte, ce n’est pas la santé, c’est la maladie. Maintenir une population en bonne santé passe par la prévention, le dépistage et des conditions de vie qui ne rendent pas malades, notamment au travail. Il est temps de replacer l’humain au centre des réflexions. A la gauche de prendre à bras-le-corps cette problématique et de proposer des solutions. En attendant, nous glisserons un grand oui à l’initiative pour un plafonnement des primes, qui a au moins le mérite d’apporter un peu plus de justice fiscale.

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