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«Une vie, une voix», une question de bon sens

Soumise aux urnes cantonales le 9 juin, l’initiative populaire «Une vie ici, une voix ici… renforçons la démocratie» vise à accorder le droit de vote et d’éligibilité aux étranger·ères résidant dans le canton depuis huit ans. Florio Togni* illustre les retombées concrètes de cet élargissement des droits démocratiques à partir d’exemples pris dans la vie quotidienne.
Genève

Je voterai oui le 9 juin sur l’initiative «Une vie ici une voix ici… renforçons la démocratie». Tout simplement parce que c’est une question de bon sens, de justice, d’égalité des devoirs et des droits de chacun et chacune.

Je me rends régulièrement à l’école de mes petits-enfants, où je côtoie des parents et des grands-parents comme moi, si ce n’est d’une nationalité, d’une origine ou d’une langue différente de la mienne. Ils et elles accueillent les enfants, supervisent leurs devoirs, les accompagnent chez le dentiste ou le médecin, vont aux réunions de parents, collaborent avec les enseignant·es. Mon passeport à croix blanche me donnerait-il plus de compétences, plus de disponibilité, plus d’engagement, plus de bienveillance? Bien sûr que non! Ces personnes assument leurs devoirs et responsabilités de parents ou de grands-parents, sans qu’il leur soit permis de s’exprimer lors de votations concernant la formation et la scolarisation de leurs enfants ou petits-enfants. Pourquoi n’auraient-elles pas le droit de se prononcer sur les enjeux et l’organisation de l’école, sur les horaires, sur les nouvelles constructions scolaires, par exemple?

Je me rends comme tout le monde dans les magasins, j’y fais mes courses et y achète de quoi me nourrir, entre autres. Mon passeport à croix blanche me donnerait-il l’exclusivité des choix sur la politique alimentaire de Genève et de la Suisse, sur ses importations? Pourquoi des résident·es étranger·ères n’auraient-ils pas le droit de se prononcer, comme nous l’avons fait dernièrement, sur la souveraineté alimentaire, sur l’utilisation des pesticides, ou d’autres sujets encore, en lien avec notre alimentation quotidienne?

Je suis également retraité. Nos retraites à toutes et tous sont régulièrement mises en discussion et attaquées. Pourquoi ma seule nationalité suisse me donne-t-elle la possibilité de donner mon avis, de défendre ce bien commun? Des résident·es étranger·ères installé·es depuis longtemps en Suisse, ayant travaillé depuis plusieurs années à Genève, n’auraient ainsi pas le droit, eux et elles aussi, de défendre leurs retraites et de donner leur avis sur les propositions de changement?

Il y aurait encore beaucoup d’exemples à citer. Lors de scrutins sur les baisses ou les augmentations d’impôts; de référendums sur les crédits de construction, les conditions de travail, le salaire minimum, le coût de la vie; d’initiatives sur la création de nouveaux logements, la mobilité, les coûts des transports…, pourquoi les seul·es résident·es suisses seraient-ils ou elles habilité·es à donner leur avis, alors que tous ces sujets touchent pourtant directement la vie quotidienne de l’ensemble de la population?

Il ne s’agit pas uniquement d’un débat idéologique, de confrontation d’idées et de valeurs, il est question de conférer à chaque personne qui assume des responsabilités et des devoirs dans la cité, du fait qu’elle y vit au quotidien, également des droits. Et en cela, nous renforcerons évidemment le débat et le fonctionnement démocratique de notre cité, le vivre-ensemble, en additionnant nos forces et nos ressources.

*Président de Stopexclusion et membre du comité d’initiative «Une vie ici, une voix ici…», l’auteur s’exprime ici à titre personnel.

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