Édito

Pas d’austérité pour l’armée

Pas d’austérité pour l’armée
Un avion de combat Lockheed Martin F-35A est photographié avant un décollage lors d'une journée de test et d'évaluation sur la base aérienne de l'armée suisse, à Payerne, en Suisse, le vendredi 7 juin 2019. KEYSTONE
Finances publiques

Six milliards de francs. C’est le coût des 36 avions de combat de type F 35-A achetés par la Confédération à la multinationale étasunienne Lockheed Martin – l’achat le plus onéreux de l’histoire de l’armée suisse. La livraison des jets commencera en 2027. Mais il a y un hic, révélait hier la NZZ am Sonntag: les engins seront équipés de moteurs obsolètes. Peu après leur réception, ils devront être mis à niveau. Quel sera le surcoût, probablement salé, de l’opération? Et qui paiera la facture? Le flou règne.

Cette incertitude ne semble pas chiffonner le Département fédéral de la défense, selon lequel la remise à jour des F35 serait tout à fait normale. Une décontraction qui surprend: en matière financière, le Conseil fédéral se montre d’habitude plus tendu. La ministre des finances (PLR), Karin Keller-Sutter, a ainsi mandaté une équipe d’expert·es chargée de proposer des pistes d’économies – et montré la voie en amputant les rentes de veuve. Son collègue (PLR aussi) Ignazio Cassis manie le sabre dans l’aide au développement. Quant à la ministre (PS) des affaires sociales, Elisabeth Baume-Schneider, elle s’oppose à l’initiative visant à alléger les primes d’assurance-maladie, en invoquant le «manque d’argent». Le budget de l’armée, en revanche, ne connaît pas l’austérité. Il atteint même des sommets.

«Plus de sécurité, moins d’Etat social», titrait récemment la NZZ. Selon ce quotidien proche de la place financière, les Etats européens et la Suisse doivent augmenter drastiquement leurs budgets militaires en raison du contexte international menaçant. Comment financer ce réarmement? Par «un détournement des budgets sociaux vers les budgets de la défense», suggère la NZZ. C’est l’option que semble embrasser le Conseil fédéral.

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