Seul·es les imbéciles ne changent pas d’avis; j’ai changé d’avis; donc je ne suis pas un·e imbécile. Le syllogisme des Dupont et Dupond se vérifie dans le domaine du nucléaire. Les partis bourgeois sont en train de revenir sur le vote de 2017 sur une sortie du nucléaire. La semaine passée, le Conseil des Etats a adopté un postulat libéral-radical visant à relancer ce débat que l’on croyait clos.

Une belle obstination d’une idéologie qui s’essouffle. Les partis de droite sont dans l’incapacité de se projeter dans l’avenir, obstinément cramponnés à des solutions du passé. D’où ce réflexe quasi pavlovien de revenir sur un vote et sur des promesses électorales.

Ceci sous prétexte de crise climatique. Le nucléaire dégage moins de CO₂; tant pis s’il empoisonne la biosphère et qu’il n’est en rien une réponse au réchauffement de la planète. Il représente environ 2% de l’énergie finale mondiale (pour quelque 425 réacteurs). Il faudrait construire des milliers de centrales nucléaires pour sérieusement réduire la part de CO₂ émise pour produire de l’électricité.

Entre les coûts, les risques (tous les vingt ans en moyenne, une centrale explose) et le problème des déchets, on mesure les limites de la démarche. L’obstination des partis majoritaires en Suisse est celle des dinosaures incapables de s’adapter. Le 3 mars, un premier désaveu leur a été infligé avec la treizième rente. On verra en juin, lors du vote sur le plafonnement des primes maladie, en automne, avec le scrutin sur le deuxième pilier, et sur le dossier européen, si on est face à une tendance lourde.

Pour l’heure, tout semble pointer vers une fuite en avant qui relève de l’aveuglement. Si cela n’était pas aussi risqué en termes d’hypothèque sur l’avenir, on pourrait s’en réjouir, car  potentiellement porteuse de changements et d’alternance politique.