Corruption, mon amour
Une entreprise sur trois actives à l’international admet avoir versé des pots-de-vin dans d’autres pays, comme l’a révélé mercredi une enquête de l’ONG Transparency International et de la HES des Grisons.
Côté verre à moitié plein, il y du mieux. Jusqu’au tournant des années 2000, le recours à des instruments de corruption était jugé nécessaire pour emporter des marchés étrangers. Et, partant, pouvait être déduit fiscalement! Cette légalisation de la corruption n’a plus cours.
Mais, côté verre à moitié vide, l’étude relève une aggravation de la tendance au bakchich. Elle pointe des lacunes béantes dans les pratiques des entreprises suisses et même au niveau légal. Dans les faits, en vingt ans, seules onze entreprises suisses ont été condamnées. L’appétit du risque, selon les termes de l’étude, reste le motif principal de la corruption.
En clair: le problème est systémique dans un univers qui valorise les grands prédateurs. La veille, le parlement suisse, qui semble tout acquis à ces pratiques, a donc logiquement refusé de mieux protéger les lanceurs d’alerte qui permettent pourtant de révéler ces pratiques criminelles.
L’inénarrable député Philippe Nantermod (plr/vs) a justifié ce rejet en soulignant que si l’on commence par protéger celles et ceux qui dénoncent la corruption, on risquerait «de continuer avec les infractions fiscales»1>Le Temps du 28 février..
Et, en Suisse, ces dernières sont vues non comme du vol, mais comme une vertu par la droite libérale, pour brider un Etat souvent accusé de pratiques confiscatoires.
Comme pour le secret bancaire, la lutte contre la corruption ne sera effective que sous la pression extérieure d’organismes comme l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économique) qui estiment que la Suisse abuse. Cela prendra du temps. Mais finira par arriver.
Notes