Édito

Inquiétante accélération

Inquiétante accélération
Incendie au nord de Bogota, Colombie, janvier 2024. KEYSTONE
Climat

Le monde a dépassé pour la première fois la barre des 1,5 degré de réchauffement climatique sur une période de douze mois par rapport à l’ère préindustrielle. Cette limite est celle prévue comme nécessaire par l’Accord de Paris sur le climat de 2015. Entre février 2023 et janvier 2024, la température mondiale de l’air a été, très précisément, de 1,52 degré supérieure à la période 1850-1900, selon les données du Programme Copernicus d’observation de la Terre de l’Union européenne. Ce genre de mesures porte sur des temporalités longues. Un dépassement d’une année, comme il s’est produit en 2023, n’est pas suffisant, il faudrait qu’il se déploie sur des périodes plus étendues, sur cinq ans ou une décennie, pour être déterminant.

Reste que ce franchissement n’est pas symbolique et constitue un sérieux rappel à l’ordre. On est en tous les cas dans les projections hautes du Giec et l’humanité se rapproche plus vite que prévu de cette barre fatidique. Ceci d’autant plus que de nouvelles recherches montrent que le réchauffement climatique réel est sans doute plus près des 1,7 degré1>Voir le site Reporterre, «Le changement climatique a commencé plus tôt qu’on ne le pensait», 5 février 2024.

L’annonce de jeudi doit donc nous alerter. Et elle implique que les mesures pour cesser d’injecter du CO2 dans l’atmosphère doivent être mises en œuvre avec un volontarisme nettement supérieur à ce qui est le cas actuellement. Car le moins que l’on puisse dire, c’est que les pays gros émetteurs de gaz à effet de serre traînent les pieds et se réfugient derrière des mesures dilatoires, comme par exemple les certificats d’émission, ou l’exonération de pans entiers de l’industrie au nom de la compétitivité économique…

Le récent appel d’Emmanuel Macron pour une pause dans les législations environnementales s’inscrit dans la droite ligne de sa dérive politique en direction d’une extrême droite climatosceptique. Comme le président français le fait sur le dossier de l’immigration, et depuis peu sur la natalité, il envoie des signaux de fumée vers ces forces montantes du spectre politique. On observe un phénomène similaire en Suisse, avec une UDC en plein déni climatique.

Les élections européennes de juin seront décisives sur le dossier. Si l’extrême droite progresse et avec elle un discours antiécologique, c’est le climat qui sera la première victime. C’est-à-dire nous toutes et nous tous.

Notes[+]

Opinions Édito Philippe Bach Climat Réchauffement climatique

Autour de l'article

Connexion