Édito

Après la pluie…

Après la pluie…
L’épisode pluvieux qui secoue la Suisse devrait nous interroger. KEYSTONE/IMAGE D'ILLUSTRATION
Climat

Que serait-il advenu de la loi sur le CO2 si la votation du 13 juin avait été agendée en septembre? Les trombes d’eau qui s’abattent sur la Suisse depuis près d’un mois et la canicule extrême qui a frappé le Canada il y a moins de trois semaines ont remis la question environnementale au centre des préoccupations. S’il faut bien évidement rester prudent·e – météo du moment et changement climatique ne vont pas forcément de pair –, des études scientifiques récentes mettent en évidence le rôle du réchauffement dans ce type d’épisodes inhabituels.

Selon une climatologue de l’EPFZ, autrice d’un rapport ad hoc pour le GIEC, la probabilité d’un «dôme de chaleur», comme celui qui s’est formé à la fin juin au Canada, est aujourd’hui cent cinquante fois plus importante qu’avant l’ère industrielle! Interrogée lundi dans nos colonnes, Sonia Seneviratne estime que ces canicules extrêmes pourraient, sans une baisse drastique des émissions de gaz à effet de serre, se produire – à cette latitude comparable à celle de Londres – «tous les cinq à dix ans» à l’horizon 2050.

Moins intense, l’épisode pluvieux qui secoue la Suisse, et en particulier l’arc alpin, devrait également nous interroger. Traditionnellement, les modèles climatologiques pour la Suisse prédisaient une augmentation de ces pluies intenses en hiver et en automne, le printemps et l’été devenant, eux, plus secs. L’avènement en Europe de deux sècheresses estivales consécutives, en 2018 et 2019, une première en deux cent cinquante ans, aux dires des expert·es, souligne cette évolution.

Or, l’on sait aussi depuis longtemps que les épisodes diluviens sont favorisés par la concentration d’eau dans l’air, elle-même croissante – par évaporation – en cas de températures élevées. Une théorie qu’une étude empirique publiée le 6 juillet dernier1>Madakumbura, G.D., Thackeray, C.W., Norris, J. et al. Anthropogenic influence on extreme precipitation over global land areas seen in multi-ple observational datasets. Nature Communications 12. https://doi.org/10.1038/s41467-021-24262-x vient confirmer à l’échelle globale, puisque ses auteur·trices ont pu établir un lien entre la plupart des évènements hydriques violents et le réchauffement anthropique de la planète.

En somme, si nos hivers en temps de dérèglement climatique s’annoncent doux et tempétueux, nos étés pourraient voir se succéder sécheresses intenses et orages catastrophiques. On est loin du séduisant climat provençal que certain·es climato-optimistes espèrent voir s’installer de par chez nous!

Même le secteur de l’assurance s’en est aperçu, lui qui voit que «les préjudices assurés associés aux catastrophes météorologiques et climatiques ont plus que doublé à chaque décennie depuis les années 1980», selon l’Institut des actuaires. De quoi relativiser – c’est un euphémisme… – les économies réalisées par le Souverain le 13 juin dernier.

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