Choix cornélien
Le Mouvement citoyens genevois (MCG) est-il entré dans l’orbite udéciste? En tous les cas, il est rattrapé par les pesanteurs inhérentes au fonctionnement parlementaire fédéral. C’est le TagesAnzeiger qui a publié lundi un utile rappel au règlement: le nouveau sénateur Mauro Poggia aimerait siéger avec le parti du Centre; cela lui sera interdit car, à la Chambre basse, les deux élus de sa formation, Roger Golay et Daniel Sormanni, figurent d’ores et déjà sur la photo de groupe de l’UDC.
Une affiliation à la carte – avec les élus au National à l’UDC et le représentant MCG à la Chambre du canton rejoignant le Centre – semble proscrite par le règlement. Sauf à tordre quelque peu celui-ci.
Problème: Mauro Poggia est assez éloigné de l’UDC sur des thèmes essentiels comme les migrations ou le Covid. A Genève, il a porté avec conviction la politique publique cantonale et fédérale en la matière, alors que l’UDC s’est acoquinée avec les coronasceptiques…
Bref, l’ancien conseiller d’Etat est devant un choix cornélien: soit rejoindre l’UDC, qui lui demandera un minimum de discipline de parti et rognera sa liberté de parole, soit quitter le MCG et rejoindre le Centre comme hors parti, soit renoncer à siéger dans un groupe, ce qui ferait de lui un député fantôme, le gros du travail se faisant en commission.
Au-delà du caractère un brin cocasse de ce pataquès, une satellisation du MCG par l’UDC semble en cours. Ce qui aurait au moins le mérite de la clarté. L’histoire a montré que le «ni de gauche ni de droite» cher à cette formation indique généralement un parti pris plus extrême. Eric Stauffer, le fondateur historique du MCG, était d’ailleurs moins timoré et n’avait pas peur de l’étiquette d’extrême droite. Le MCG est rattrapé par ses ambiguïtés. Il est juste un peu dommage que cela se passe après les élections.