Édito

L’exécutif genevois bascule à gauche

L’exécutif genevois bascule à gauche
La verte Fabienne Fischer a été élue au Conseil d’Etat à Genève. JEAN-PATRICK DI SILVESTRO
Élections

C’est un certain soulagement qui a prédominé ce dimanche au bout du lac. Même si le score de Pierre Maudet reste impressionnant au vu des conditions réunies – frappé d’un discrédit, avec une droite divisée et une quasi-absence de parti le soutenant –, il n’en a pas moins largement perdu face à la verte Fabienne Fischer pour le siège vacant au Conseil d’Etat. Une victoire pour les institutions, dans la mesure où un repêchage par le peuple de l’ex-PLR déchu aurait constitué un signal désastreux en termes de morale en politique. On a échappé à une belle Genferei.

Plusieurs facteurs ont sans doute joué dans ce résultat. La droite est profondément divisée et son vaisseau-amiral, le Parti libéral-radical (PLR), prend l’eau de toute part. La gauche peut aussi dire merci à la démocrate-chrétienne Delphine Bachmann, dont la candidature de combat a manifestement plombé Pierre Maudet. Bon nombre de communes dites réunies ont boudé le second au profit de la première. Le conseiller d’Etat sortant réalise ses scores uniquement ou presque dans les fiefs PLR.

Second facteur à prendre en compte dans l’équation politique, les villes basculent tranquillement à gauche. L’effet climat et l’effet femmes ont sans doute aussi pesé dans cette élection. Fabienne Fischer a surtout fait le plein des voix de la gauche, mais celle-ci a plutôt le vent en poupe. Ce glissement se manifeste d’ailleurs aussi dans le cadre des municipales vaudoises, avec plusieurs villes qui passent à gauche. Voire en Valais, avec l’élection du socialiste bas-valaisan Mathias Reynard à l’exécutif cantonal.

Avec deux vert·es et deux socialistes sur sept membres, l’exécutif genevois bascule donc, de nouveau, à gauche, comme cela avait été le cas lors de la législature 2005-2009. Mais sans majorité parlementaire, le Grand Conseil restant solidement arrimé à droite. Cela fait peser une lourde responsabilité sur les épaules de l’alliance rose-vert. Celle-ci est condamnée, si elle entend éviter un retour de bâton en 2023, sinon à réussir, du moins à ne pas décevoir. Il va falloir traduire en projets concrets les promesses faites durant la campagne pour répondre à la crise économique et du Covid-19. Une partie importante de la population genevoise est en souffrance. Elle attend des réponses. Pour elle et pas seulement pour les entreprises.

Avec l’avantage pour le camp progressiste d’être confronté à des partis – PLR en tête – divisés et en fin de cycle, ne proposant que des antiennes. Cela ne durera sans doute pas éternellement, et surtout, cela peut déraper dans la tentation populiste. D’autant plus que c’est bien le ressort sur lequel a joué Pierre Maudet durant cette folle campagne, promettant l’inverse de ce qu’il a mis en œuvre durant deux mandats au Conseil d’Etat, et caressant le bon peuple dans le sens du poil. Avec un certain succès. D’aucuns vont lorgner cette boîte à outils. Bref, gauche et droite sont à la croisée des chemins que l’on sait escarpés.

Opinions Édito Philippe Bach Élections

Connexion