Édito

Gaza-Israël: comprendre n’est pas justifier

Gaza-Israël: comprendre n’est pas justifier
Après l'attaque du Hamas, Israël a bombardé Gaza, occasionnant de nombreuses victimes civiles (ici le quartier d'Al-Shejaeiya, dimanche). KEYSTONE
israel-palestine

Gaza est une minuscule enclave où sont enfermé·es deux millions de Palestinien·nes dont les parents ou grand-parents ont pour la plupart été chassés par Israël. La moitié de la population est au chômage et vit de l’aide humanitaire fournie par l’ONU pour lui permettre de survivre à un blocus meurtrier. La jeunesse n’a guère de perspectives et souffre de troubles psychiques liés à l’enfermement, aux bombardements israéliens, aux dizaines de milliers de morts et de mutilé·es.

Cette cocotte minute de l’oppression coloniale a explosé samedi matin. On ne peut guère s’en étonner vu la situation catastrophique qui prévaut dans cette prison à ciel ouvert créée et gardée par Israël. Pour la première fois, les combattants palestiniens ont réussi à sortir de l’enclave en perçant l’une des frontières les mieux surveillées du monde pour frapper les «colons» de plein fouet. On dénombre plusieurs centaines d’hommes en armes et de civils tués des deux côtés, sans compter les otages faits par le Hamas.

Peu usuelle dans ce conflit, la mort de plusieurs centaines de civils israéliens choque. Tuer des civils ne pourra en effet jamais se justifier. Il s’agit de crimes de guerre.

Les Palestinien·nes en savent quelque chose, qui sont soumis·es chaque mois à de telle exactions de la part de l’armée israélienne d’occupation – comme aujourd’hui encore à Gaza. En revanche, parler de «terrorisme» pour qualifier ces actions armées contre des civils ne peut faire sens qu’appliqué aux deux camps. Pour ne prendre qu’un seul exemple, les bombardements de quartiers entiers de Gaza en 2014 par Israël qui ont fait 1462 civils tués, dont 551 enfants, n’avaient pas été désignés comme terroristes par l’Union européenne.

L’emploi unilatéral de ce mot reflète l’indignation sélective des Etats et de la plupart des médias occidentaux. On peut se demander ce que l’Union européenne et les Etats-Unis attendent qu’il advienne des Gazaoui·es en continuant à soutenir indirectement la politique d’occupation, de blocus et d’apartheid menée par Israël. Qu’ils se résignent? Des milliers d’entre eux ont au contraire montré une nouvelle fois qu’ils préfèrent mourir que de vivre privés de dignité, quitte à franchir des lignes rouges.

En continuant sa collaboration militaire – dont l’achat de drones testés sur les Palestinien·nes – avec l’Etat hébreu, la Suisse ne se démarque pas de ses voisins. Au moment même où le Hamas lançait son attaque samedi, le chef de l’armée suisse, Thomas Süssli, était en «visite de travail» en Israël, officiellement dans le cadre l’organisme de l’ONU chargé de la surveillance de la trêve. On constate une nouvelle fois l’efficacité d’une telle politique opportuniste.

Opinions Édito Christophe Koessler israel-palestine Proche-Orient Gaza

Autour de l'article

L’hécatombe entre Gaza et Israël

dimanche 8 octobre 2023 ATS
L’offensive inédite lancée par les combattants palestiniens de Gaza en Israël samedi a fait de nombreux morts et annonce des hostilités dans la durée. Le point sur les évènements du week-end.

Connexion