Édito

Une affaire de balles

La contraception au masculin
Les demandes de conseil en matière de contraception thermique masculine augmentent auprès des centres de santé sexuelle. L’anneau en silicone, disponible sur internet, est un dispositif de plus en plus sollicité. ANOUCK EVERAERE
Planning familial

Depuis les années 1960, les méthodes de contraception féminines se sont multipliées: pilule, stérilet, implant, diaphragme ou patch. Alors que du côté des hommes, le choix reste ridiculement étriqué entre le recours au préservatif ou la vasectomie. L’arrivée imminente d’une pilule pour homme est annoncée chaque année. «Demain on rase gratis.»

Malgré plusieurs études probantes portant notamment sur l’injection de testostérone pour inhiber la production de spermatozoïdes, dont deux validées par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la méthode n’est toujours pas homologuée comme contraceptif. Les effets secondaires seraient jugés trop importants. Le développement d’un contraceptif hormonal masculin ne semble pas répondre aux enjeux économiques des laboratoires pharmaceutiques.

Pourtant, sans attendre la pharma, certains hommes prennent le contrôle de leur fertilité. La contraception masculine thermique fait des adeptes. Pour répondre à la demande, de nombreux centres de santé sexuelle en Suisse se forment à cette méthode. Elle consiste à remonter les testicules plus près du corps afin d’augmenter leur température et stopper la production de spermatozoïdes.

C’est possible grâce à des dispositifs bon marché. Des ateliers sont même organisés pour confectionner soi-même son caleçon contraceptif et un anneau en silicone peut-être clandestinement commandé sur internet, même s’il est pas encore homologué.

Les résistances sont multiples, surtout dans le monde médical. La zone est sensible dans tous les sens du terme: on touche encore difficilement aux bijoux de famille. Alors que l’on injecte toutes sortes de choses dans les utérus des femmes, certains craignent des démangeaisons. Un risque d’augmentation de cancer des testicules n’est pas écarté, alors qu’il est avéré que la prise d’un contraceptif hormonal féminin augmente de 20% le risque de développer un cancer du sein.

Le Réseau européen pour la contraception partagée (European network for shared contraception) milite pour briser ces tabous et informer sur la contraception masculine. Une étude est en cours aux Hôpitaux universitaires de Genève. Des éléments réjouissants, car élargir l’offre favorise le partage de la charge contraceptive. Permettre aux hommes de contrôler leur fertilité, c’est aller vers davantage d’égalité. Le ventre des femmes est si souvent scruté. Et si les testicules devenaient elles aussi un objet d’attention?

Opinions Édito Julie Jeannet Planning familial

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