Blanchiment: la vertu des pressions
Pour lutter efficacement contre le blanchiment d’argent, la Suisse doit se doter d’un registre des bénéficiaires effectifs des trusts et autres montages financiers favorisant l’opacité. C’est en tous les cas ce que préconise la section suisse de l’organisation non gouvernementale (ONG) Transparency International dans un rapport rendu public mercredi.
A l’heure actuelle – mais est-ce une surprise? – notre pays ne satisfait pas aux standards internationaux tels que définis par le Gafi (le Groupe d’action financière, l’organisme intergouvernemental en charge de la lutte contre le blanchiment).
Le rapport a une visée double. D’une part, il met la pression sur la Suisse à l’heure où celle-ci s’apprête à mettre en consultation le projet de création d’un tel registre alors que la plupart des pays riches se sont d’ores et déjà soumis à l’exercice.
Et, surtout, ce document vise à prévenir le risque d’un dispositif permettant d’éluder une véritable transparence. Les récentes affaires provoquées par des fuites de données ont mis en évidence un redoutable savoir-faire helvétique pour conserver un maximum d’opacité sur qui possède quoi et où.
A cet égard, une des revendications de l’ONG est de favoriser un accès étendu à ce type de registre. En clair, ce ne seraient pas uniquement les autorités dûment assermentées mais également la société civile et la presse qui pourraient accéder à ces bases de données.
Nul doute que le lobby de la finance va s’ériger abusivement en protecteur de la sphère privée. Comme pour le secret bancaire ou le taux d’imposition plancher à 15% pour les multinationales, ce seront sans doute les pressions des grandes puissances qui seront les plus déterminantes.